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tes édifices à l’urne funéraire de leurs amis ou de leurs concitoyens illustres. Ils n’avaient pas cet aride principe d’utilité qui fertilise quelques coins de terre de plus, en frappant de stérilité le vaste domaine du sentiment et de la pensée. » Corine, tome Ier, page 165.

Certes, lorsque je cherche à démontrer que le bonheur de notre espèce tient principalement à l’attention que nous donnons à ce qui est utile, je ne prétends exclure de nos âmes aucun sentiment noble et généreux. Je regarde ces sentimens comme fort utiles, non-seulement pour ceux qui en sont l’objet, mais aussi pour ceux qui les éprouvent. En parlant des consommations utiles à notre existence et à notre bien-être, j’y ai compris celles qui augmentaient notre instruction, ajoutaient à nos jouissances et embellissaient notre existence, pourvu qu'elles fussent bien entendues et qu’elles allassent à leur but. Je ne suis pas non plus un barbare qui demande la ruine des beaux-arts qui font nos délices ; je ne suis point d’avis de mettre la charrue dans les Tuileries, et mon motif en est que ce beau jardin produit cent fois plus en agrément qu’il ne pourrait produire en pommes de terre. Je ne veux donc point renverser le tombeau de Scipion et re-