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temps quelle est nuisible à un autre ? Non certes. C’est blesser le principe de l’utilité que de blesser la justice, qui est la plus utile de toutes les prescriptions. Nous avons vu combien le respect le plus scrupuleux de la propriété était indispensable pour l’existence de la société. Nous avons vu que sans la propriété réellement et efficacement maintenue, il n’y a point de production, point de moyens pour les hommes de se procurer, je ne dis pas seulement les douceurs de la vie, mais la continuation de l’existence ; nous avons vu que la plus indisputable des propriétés est la personne, les facultés de la personne, ses moyens d’exister et de jouir. Un homme qui, pour son avantage particulier, porte atteinte à cette propriété, est un voleur et un assassin ; nul ne viole plus impudemment le principe de l’utilité.

Le mal ne change pas de nature quand le violateur est un homme éminent en dignité, et quand la victime est la communauté, la nation. L’utilité de tous sacrifiée à l’avantage de quelques-uns est un vol aussi répréhensible que celui que commet une troupe de gens armés qui se précipite sur de paisibles voyageurs pour s’approprier leurs biens et leurs provisions. Ôter aux uns ce qui leur est utile,