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parlant des parfums, il déclame contre l’emploi qu’on en fait ; c’est un plaisir horrible, un goût monstrueux. Il raconte qu’un Plotius, proscrit par les triumvirs, fut décelé dans sa retraite par l’odeur de ses parfums, et il ajoute ces mots extravagans : Une telle infamie absout la proscription entière. De tels hommes ne méritaient-ils pas la mort ?

Sénèque n’est pas toujours ascétique, mais il l’est souvent : ce qui l’entraîne dans des pensées puériles et fausses. Qui croirait que, sous le règne de Néron, il lui restât le loisir de s’indigner contre l’invention récente de conserver la glace et la neige jusqu’au milieu de l’été ! quelle profusion d’éloquence amère sur la perversité de boire à la glace dans les ardeurs de la canicule ! « L’eau, dit-il, que la nature donnait gratuitement à tout le monde, est devenue un objet de luxe ; elle a un prix qui varie comme celui du blé ; des entrepreneurs, ô honte ! la vendent en gros comme les autres denrées. Ce n’est plus une soif, c’est une « fièvre ; une fièvre qui n’est pas dans notre sang, mais dans nos désirs. Le luxe a détruit tout ce qu’il y avait de tendre dans nos cœurs, et les a rendus plus durs que la glace elle-même. »

Ce mauvais sens et ce mauvais goût ont été re-