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Ce grand investigateur de la nature humaine à observé avec la même sagacité les objections, les sophismes, dont on a dans tous les temps essayé d’ébranler le principe de l’utilité, sur lequel, après tout, se fonde le bonheur de notre espèce ; il range ces sophismes sous deux chefs ; qu’il appelle le principe de l’ascétisme et le principe arbitraire ou du sentiment. Ces mots ne nous disent encore rien ; cependant ils couvrent beaucoup d’idées, comme nous allons en juger.

Par l’ascétisme, il ne faut pas entendre seulement les pratiques de dévotion et de pénitence usitées dans les cloîtres, mais aussi les principes professés par des sectes entières clé philosophes, comme étaient les stoïciens, et par beaucoup de personnes éparses dans la société. Tout ce qui flatte les sens leur paraît odieux et criminel ; ils fondent la morale sur les privations, et la vertu sur le renoncement à soi-même. Au rebours des partisans de l’utilité, ils approuvent tout ce qui tend à diminuer les jouissances ; ils blâment tout ce qui tend à les augmenter.

Cependant, comme on ne peut échappera la loi de notre nature, qui nous ordonne de chercher le plaisir et de fuir la peine, il faut bien que, par un jugement dépravé, les ascétiques cherchent une satisfaction quelconque en em-