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somme du mal ? Dans le premier cas, il adopte le principe de Futilité pour règle de ses jugemens et de ses actions ; il mesure son approbation ou sa désapprobation d’un acte privé ou public sur sa tendance à augmenter la somme des biens dont les hommes peuvent jouir, ou à diminuer la somme de leurs maux. Pour lui, ce qui sera moral, ce que la morale conseillera sera l’utile ; ce qui sera immoral, odieux, ce qu’il faudra défendre sera le nuisible, le funeste.

Il nommera bon ce qui est utile, ce qui augmente les plaisirs ou diminue les peines. Il qualifiera de mauvais ce qui engendre plus de peines que de plaisirs. Et remarquez, poursuit Bentham, que je prends ces mots plaisirs et peines dans leur signification la plus vulgaire. Je n’invente point de définitions arbitraires pour donner l’exclusion à certains plaisirs, pour préconiser certaines peines. Je ne veux consulter ni Platon, ni Épicure, pour savoir ce que c’est que la peine et le plaisir. J’appelle ainsi ce que chacun sent et appelle de ce nom, le paysan comme le prince, l’ignorant comme le philosophe.

Quiconque admet le principe de l’utilité, admet aussi le principe du juste et de l’injuste. Lorsque le bien produit devient la proie de quiconque n’y a point de droit, il y a une