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avant tout citoyen du monde et ami de l’humanité tout entière, Jérémie Bentham), s’est occupé d’analyser Futilité, et l’a fait avec une rare sagacité.

La nature, selon lui, a placé l’homme sous l’empire du plaisir et de la douleur. Nous leur rapportons toutes nos déterminations. Celui qui prétend se soustraire à cet assujettissement ne sait ce qu’il dit. Au moment même où il se refuse à la plus grande volupté, où il embrasse les plus vives peines, il a pour objet de chercher une satisfaction quelconque, ou bien de se soustraire à un état pénible, de s’en garantir, pour le présent ou pour l’avenir.

Nous appelons du nom de mal, une peine, une douleur, la cause d’une douleur. Nous avons nommé bien, un plaisir ou une cause de plaisir. Eh bien, l’utilité est la propriété, la tendance d’une chose à nous préserver de quelque mal, ou à nous procurer quelque bien. Pour un individu, pour une communauté, ce qui est utile c’est ce qui tend à augmenter pour eux la somme du bien, ou à diminuer la somme du mal.

Maintenant on peut se demander quel jugement un être doué de raison doit porter relativement au principe de l’utilité ainsi défini. Doit-il chérir, favoriser, ce qui pour l’humanité tend à augmenter la somme du bien ou la