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chesse et ce qui n’est pas richesse, il n’y en a que de deux sortes : l’utilité donnée par la nature, et qui ne coûte rien, et l’utilité créée par l’industrie, la seule qui coûte de la peine et qui soit de la richesse, parce qu’elle a une valeur échangeable, une valeur au moyen de laquelle on peut faire des achats.

Aux yeux du moraliste, il est important d’examiner l’espèce de besoin que les choses peuvent satisfaire ; car il y a des besoins qui sont justifiables et d’autres qui ne le sont pas. Quant à l’économiste politique, pour qui il n’est question que de savoir d’où naît la valeur, il doit seulement caractériser et nommer la qualité commune à toutes les choses capables de satisfaire les besoins quels qu’ils soient, qui causent la demande d’où naît la valeur. J’ai cru pouvoir nommer cette qualité commune utilité, de utilitas, uti, parce qu’on peut en user, s’en servir. Si j’avais trouvé un mot qui convînt plus parfaitement et tout à la fois, au blé et au diamant, je l’aurais employé volontiers, mais je n’en connais point.

Vous ne croyez pas, monsieur, qu’il soit besoin de cette utilité ainsi caractérisée pour expliquer la production ; il me semble, au contraire, que si j’ai eu le bonheur d’expliquer la production, je ne le dois qu’à cette analyse.