Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/341

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

exclusivement fixée sur des objets matériels. Vous dites vous-même : « Une nation où il se trouverait une foule de musiciens, de prêtres, d’employés, pourrait être une nation fort bien divertie, bien endoctrinée et admirablement bien administrée ; mais voilà tout. » Et si, en même temps, elle était mal nourrie, mal vêtue et mal logée, je suis bien sûr que vous la trouveriez pauvre, quels que fussent les talens pour la musique, la prédication, et l’administration, qu’on y rencontrerait. Il n’y a pas long-temps que la pauvreté des savans, des auteurs, et notamment des poètes, était passée en proverbe. Cela ne montre-t-il pas que nous évaluons les biens de ces classes-là non par leurs talens, mais par les produits matériels dont leurs talens leur donnent le pouvoir de disposer ? Et s’ils ne peuvent disposer que de peu de produits matériels, nous les regardons comme pauvres. La nation à laquelle ils appartiennent est aussi regardée comme pauvre, si, par suite d’un goût exagéré pour leurs productions immatérielles, elle est obligée de se passer de produits matériels, et ne peut acheter que peu de marchandises au dehors.

En restreignant la signification des richesses aux objets matériels, je pense donc que nous