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La première est l’habitude qu’il avait prise de ne jamais abandonner l’observation des phénomènes de la nature ; il portait, dans l’étude de l’économie politique, l’esprit que porte un bon naturaliste dans l’étude des choses qu’il aspire à faire connaître ; il se croyait appelé, non à faire triompher un système ou à donner des avis, mais à exposer la véritable nature des choses ; il avait une si grande confiance dans la puissance de la vérité quand elle est exposée d’une manière simple et naturelle, qu’il aurait craint de l’affaiblir en l’appuyant de ses exhortations.

Cette habitude de se tenir constamment dans l’observation des faits a écarté de ses ouvrages tout esprit de système, toute opinion de secte ou de coterie ; jamais on ne voit percer dans ses écrits l’intention de flatter les opinions d’un pouvoir ou d’un parti, ou de faire triompher un intérêt particulier sur l’intérêt général ; jamais on n’y remarque la plus légère tendance à mettre sa plume au service de sa fortune.

Le soin avec lequel il a tracé les limites de l’économie politique, et circonscrit le champ sur lequel ses recherches peuvent s’étendre, n’a pas été une des moindres causes du succès de ses ouvrages. Il considérait lui-même cette circonscription de la science comme une condition essentielle de ses