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presque plus rien laissé à dire sur la science. Elles craignaient donc que le Cours politique ne fût qu’une amplification de principes déjà suffisamment établis. Elles ne tardèrent pas à être désabusées.

En 1819, sous le ministère de M. de Serres, le gouvernement avait eu l’intention d’établir à l’École de droit de Paris une chaire d’économie politique ; la création en avait même été prescrite par une ordonnance ; mais la réaction qui suivit la chute de ce ministère, fit avorter ce projet. Après la révolution de 1830, le nouveau pouvoir, qui n’était pas obsédé des mêmes craintes que l’ancien, établit au collège de France une chaire pour l’enseignement de cette science. Il crut avec raison qu’il est plus facile de gouverner des hommes qui connaissent la véritable nature des choses, que ceux qui prennent pour de la science les rêves de leur imagination. M. Say fut appelé à remplir cette seconde chaire : il était d’avance désigné au choix du gouvernement par l’opinion de la France, et l’on pourrait dire, sans crainte d’être accusé d’exagération, par celle de tous les hommes qui s’occupent de la même science, quel que soit leur pays.

On a vu que long-temps avant que d’avoir publié aucun ouvrage sur l’économie politique, M. Say la considérait comme étant destinée à exercer une influence immense sur les mœurs et le bien-être