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l’occupation. Il eut, en peu d’années, ainsi qu’il le disait lui-même, la satisfaction de voir l’industrie et l’aisance animer des campagnes où, durant des siècles, un régime féodal et monacal n’avait su entretenir que la mendicité et la misère.

Il employa les loisirs que lui laissait sa filature à perfectionner son Traité d’économie politique : il pouvait ainsi corriger par la pratique les erreurs qui auraient pu lui échapper dans la théorie. Dans les premières années, la manufacture qu’il avait montée lui donna des bénéfices ; mais les droits excessifs qui furent établis sur les matières premières qu’il fallait tirer de l’étranger, les prohibitions, les confiscations, et plus que tout cela les dangers d’une invasion qui devenait imminente, le déterminèrent à renoncer à une industrie qu’on ne pouvait plus exercer avec profit ni sûreté ; il céda sa filature à son associé, et revint à Paris avec sa famille.

Peu de temps après, la France fut envahie et Napoléon renversé. M. Say profita de la demi-liberté, qui fut le résultat de la faiblesse du gouvernement des Bourbons, pour publier une seconde édition de son traité ; car le gouvernement impérial n’avait pas voulu en autoriser la réimpression. Entre l’une et l’autre, il s’était écoulé un intervalle de onze années, et pendant ce temps l’auteur