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Il a plus que doublé la somme des contributions que payait la France avant qu’il parvînt au pouvoir ; et, à l’aide d’un vigoureux système militaire, il les a fait rentrer avec une rigueur inconnue jusqu’à lui. C’est ce que ses flatteurs ont appelé : avoir remis de l’ordre dans les finances[1].

Il a offert des primes sans nombre à la cupidité, en multipliant les places, les pensions, les cumuls ; et, par la création des titres, des croix, des plaques et des cordons, il a fourni des hochets à la vanité et des récompenses à la bassesse.

Il a perfectionné ce fléau des familles, la conscription, trop fidèlement imitée par tous les potentats de l’Europe[2].

Il a déserté cinq fois les plus braves et les plus nombreuses armées[3] qu’un seul homme

  1. Avant lui, le budget annuel ne s’élevait qu’à 600 millions de francs ; sous sa domination, il s’est élevé jusqu’à 1300 millions, dont 900 millions en principal et 400 millions de dépenses départementales, indépendamment des contributions de guerre imposées aux peuples vaincus, et du casuel levé par le clergé.
  2. Conservée en France sous le nom de recrutement.
  3. En Égypte, en Espagne, en Russie, à Leipzick et à Waterloo. On ne compte pas ici l’armée de Moreau dont il redoutait les principes républicains, et qu’il condamna à use destructif totale en l’envoyant à Saint-Domingue.