Page:Say - Mélanges et correspondance d’économie politique.djvu/189

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

voir, que de protéger les simples citoyens de qui ils n’ont rien à attendre.

Ce que Bonaparte a appelé la réforme de la justice n’a été qu’un moyen d’influer sur les décisions des tribunaux. En s’attribuant la direction des procédures, l’avancement des juges et le choix des jurés, il a mis les prévenus à la merci de l’autorité.

À son avènement, les impôts les plus vexatoires étaient supprimés : il a rétabli les droits d’entrée à la porte des villes, les droits réunis[1] et une foule d’autres, parmi lesquels figure cette ignoble loterie impériale et royale, qui soutire l’argent du pauvre par une combinaison infernale, et occasione, chaque année, en communauté avec les maisons de jeux, environ deux cents suicides à Paris seulement[2].

  1. Ce que les Anglais appellent excise ; que l’on a conservé après la restauration sous le nom de contributions indirectes.
  2. Cette loterie fut supprimée avec la monarchie, et rendue plus désastreuse sous l’empire. Autrefois on ne faisait dans toute la France que vingt-cinq tirages par an. Bonaparte fit établir trois tirages par mois ; dans chacune des six principales villes de France, on fait trois tirages tous les mois, à différens jours de la semaine ; ce qui procure deux cent seize tirages par année, pour lesquels on délivre des billets dans tous les bureaux du royaume, et pour les plus petites sommes.