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idée de la valeur. Continuant à l’étudier, j’observe qu’il y a, dans chaque produit, une portion de cette utilité que la nature nous offre gratuitement, et une portion que nous créons ; en travaillant et en faisant travailler avec nous nos capitaux et nos terres. Mais, comme aucuns de ces différens services ne s’offrent gratuitement, il arrive que, lorsque nous avons créé cette portion d’utilité qui est coûteuse, nous ne consentons à céder les droits que nous avons sur elle, qu’autant que l’on nous donne en échange une autre portion d’utilité, créée de la même manière et aux mêmes frais.

Maintenant, comment pouvons-nous mesurer l’étendue de l’utilité que nous avons créée dans un produit ? Vous, vous croyez, monsieur, si je ne me trompe, que c’est par la quantité de travail qu’on a dépensée pour la créer ; ou, je prends la liberté de ne pas adapter cette appréciation ; il y a des multitudes de qualités diverses dans le travail ; on ne peut mesurer la quantité de chacune d’elles. Je mesure cette utilité, mise dans les produits, par les diverses quantités d’un autre produit que l’on consent à donner pour l’acquérir. Une utilité pour laquelle, sur le marché, on offre deux boisseaux de froment, vaut le double de celle pour laquelle on n’offre qu’un seul boisseau. C’est ici