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Non que nous ne puissions, que nous ne devions même quelquefois gémir de ces opérations grosses de fâcheuses conséquences, dont nous sommes trop souvent les tristes et impuissans témoins : interdit-on à l’historien philanthrope les douloureuses réflexions que lui arrachent parfois les iniquités de la politique ? Mais un rapprochement, une pensée, un conseil, ne sont pas de l’histoire, et, j’ose le dire, ne sont pas de l’économie politique. Ce que nous devons au public, c’est de lui dire comment et pourquoi tel fait est la conséquence de tel autre. S’il chérit la conséquence, ou s’il la redoute, cela lui suffit ; il sait ce qu’il a à faire ; mais point d’exhortations.

Il me semble en conséquence que nous ne devrions nullement, moi, d’après Adam Smith, prêcher l’épargne ; vous, monsieur, d’après milord Lauderdale, vanter la dissipation. Bornons-nous donc à noter comment les choses se succèdent et s’enchaînent dans l’accumulation des capitaux.