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porte chez lui son salaire qui forme son revenu, et le consomme improductivement. De son côté l’entrepreneur, qui a acheté le travail de l’ouvrier en y consacrant une part de son capital, le consomme reproductivement, de même que le teinturier consomme reproductivement l’indigo qu’il a jeté dans sa chaudière. Ces valeurs, ayant été détruites reproductivement, reparaissent dans le produit qui sort des mains de l’entrepreneur. Ce n’est point le capital de l’entrepreneur qui forme le revenu de l’ouvrier, ainsi que le prétend M. de Sismondi. C’est dans les ateliers, et non dans le ménage de l’ouvrier, que se consomme le capital de l’entrepreneur. La valeur consommée chez l’ouvrier a une autre source : elle est le produit de ses facultés industrielles. L’entrepreneur consacre à l’achat de ce travail une partie de son capital. L’ayant acheté, il le consomme ; et l’ouvrier consomme de son côté la valeur qu’il a obtenue en échange de son travail.