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pouvant plus vivre de ses profits, renoncerait à son industrie. Il acheterait des rentes ou bien irait dans l’étranger pour y chercher de meilleures conditions, un travail plus lucratif, ou, ce qui revient exactement au même, une production accompagnée de moins de dépenses[1]. S’il y rencontrait d’autres in-

  1. M. Ricardo prétend que, en dépit des impôts et autres entraves, il y a toujours autant d’industrie que de capitaux employés, et que tous les capitaux épargnés sont toujours employés, parce qu’on n’en veut pas perdre l’intérêt. Il y a au contraire beaucoup d’épargnes qui ne se placent pas lorsque les emplois sont difficiles, ou qui, étant placées, se dissipent dans une production mal calculée. M. Ricardo d’ailleurs est bien démenti par ce qui nous arriva en 1813, où les fautes du gouvernement ruinèrent tout commerce, et où l’intérêt de l’argent tomba fort bas, faute de bons emplois ; et par ce qui nous arrive en ce moment, où les capitaux dorment au fond des coffres des capitalistes. La banque de France seule a 213 millions en espèces dans ses caisses, Somme plus que double de la somme de ses billets en circulation, et six fois plus considérable que celle que la prudence lui conseillerait de garder pour les remboursemens éventuels.