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car ils sont d’un transport difficile et d’une garde dispendieuse. Quant à ceux qui peuvent croître sur le territoire d’une nation, ils ont des limites, qu’une agriculture plus perfectionnée et de plus vastes capitaux engagés dans les opérations agricoles peuvent reculer sans doute[1], mais qui doivent cependant

  1. Les principaux obstacles aux améliorations agricoles en France, sont, d’abord, la résidence des riche ? propriétaires et des gros capitalistes dans les villes, et sur-tout dans une immense capitale : ils ne peuvent pas prendre connaissance des améliorations auxquelles ils pourraient employer leurs fonds ; et ils ne peuvent pas en surveiller l’emploi de manière qu’il fût suivi d’une augmentation de revenu correspondante. En second lieu, ce serait vainement que tel canton reculé dans les terres doublerait ses produits : il peut à peine se défaire de ce qu’il produit déja, faute de chemins vicinaux bien entretenus et faute de villes industrieuses à portée. Les villes industrieuses consomment les produits ruraux et fabriquent en échange des produits manufacturés qui, renfermant plus de valeur sous un moindre volume, peuvent se transporter plus loin. C’est là le principal obstacle aux accroissemens de l’agriculture française. Des canaux de navigation petits et multipliés ; des chemins vicinaux bien entretenus, mettraient en valeur les produits ruraux. Mais il faut pour cela des administrations locales choisies par les habitans, et ne s’occupant que du bien du pays. La possibilité des débouchés existe, mais on ne fait pas ce qu’il faut pour en jouir. Les administrateurs, choisis dans l’intérêt de l’autorité centrale, deviennent presque tous des agens politiques ou fiscaux, ou, ce qui est encore pis, des agens de police.