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binent dans toutes ses dépenses[1]. Ce sont les contributions directes ; ce sont même les préjugés et les mœurs du pays qui vous im-

  1. On est tenté de croire, sur un premier aperçu, que lorsque tout est cher, rien n’est cher, et qu’on se dédommage par le haut prix de ce qu’on vend du haut prix de ce qu’on achète. Il n’en est pas ainsi. On achète avec le revenu qu’on a ; ce revenu est le fruit, soit des terres que vous louez, soit des capitaux que vous avez placés, soit du profit de l’industrie que vous exercez. Or les produits, résultats de toutes ces sources de production, n’augmentent pas en proportion du haut prix des produits qui en résultent. Quand les produits se vendent une fois plus cher, le fermage de la terre qui y concourt, ne double pas. Une manufacture dont les marchandises doublent de prix, ne donne pas 10 pour cent d’intérêt, au lieu de 5 pour cent, à ceux qui y ont des fonds placés, ni un salaire double aux ouvriers qui y travaillent. Elle ne pourrait pas soutenir son entreprise, et l’entrepreneur lui-même gagne moins, quand ses produits sont plus chers. Chacun de ceux qui prennent part à une entreprise, sont donc obligés, avec des revenus qui augmentent peu, d’acheter des produits qui augmentent beaucoup. En Angleterre, tous les produits, tous les objets de consommation, peuvent en général être estimés valoir le double de ce qu’ils valent en France, le fort portant le faible. Il y en a qui se vendent le triple ; mais par contre, il y en a quelques-uns qui ne valent pas le double.