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10 CONSIDERATIONS GENERALES. mence -, c'est supix)ser un miracle. De là cette expression commune : la chaîne des évènemens, qui nous montre que nous considérons les événe- mens comme des chaînons qui se rattachent les uns aux autres. Mais quelle certitude avons-nous qu'un fait précédent soit la cause d'un fait subséquent, et qu'une suite de chaînons bien liés rattachent entre eux ces deux anneaux? Nous attribuons un événement dont nous sommes té- moins à telle circonstance qui a eu lieu précédemment^ mais nous nous trompons peut-être ^ la circonstance qui a précédé l'événement n'en était peut-être pas la cause. C'est faute de connaître les véritables causes des événemens, que l'esprit inquiet de l'homme en cherche de surnaturelles, et qu'il a recours à ces pratiques superstitieuses, à ces amulettes dont l'u- sage est si fréquent dans les temps d'ignorance -, pratiques inutiles , nui- sibles quelquefois, et qui ont toujours ce fâcheux effet de détourner les hommes des seules voies par lesquelles on puisse parvenir à ses fins '. Une science est d'autant plus complète relativement à un certain ordre de faits, que nous réussissons mieux à constater le lien qui les unit , à rat- tacher les effets à leurs véritables causes. On y parvient en étudiant avec scrupule la nature de chacune des choses qui jouent un rôle quelconque dans le phénomène qu'il s'agit d'expliquer^ la nature des choses nous dévoile la manière dont les choses agissent, et la manière dont elles supportent les actions dont elles sont l'objet elle nous montre les rapports , la liaison des faits entre eux. Or la meilleure manière de connaître la nature de chaque chose consiste à en faire l'ana- lyse, à voir tout ce qui se trouve en elle et rien que ce qui s'y trouve. Long-temps on a vu le flux et le reflux des eaux de la mer, sans pou- voir l'expliquer, ou sans pouvoir en donner des explications satisfesantes. Pour être en état d'assigner la véritable cause de ce phénomène, il a fallu que la forme sphérique de la terre et la communication établie entre les grandes masses d'eau fussent des faits constatés ^ il a fallu que la gravitation universelle devint une vérité prouvée -, dès-lors l'action de la lune et du soleil sur la mer a été connue, et l'on a pu assigner avec cer- titude la cause de son mouvement journalier. De même , en continuant une comparaison dont je me suis servi tout à ' Un bon musulman dit : « Pourquoi prendrais-je celte précaution? Si Dieu veut que la chose arrive, la chose arrivera; s'il ne le veut pas, pour- quoi me consumcraiS'je eu vains efforts? » Il ignore celte autre maxi:ne qui vaut toutes celles de l'Alcoran : « Aide-loi , le ciel laidcra. »