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propre expérience et reposant sur des têtes choisies pour l’assurance par voie de sélection médicale, c’est-à-dire sur des éléments aussi homogènes que possible.

C’est pour cela qu’elles se sont enfin déterminées à en arrêter de nouvelles se rapprochant beaucoup plus des coefficients de mortalité admise.

Dans toutes les branches d’application de l’assurance, la nécessité de tables statistiques est parfaitement reconnue. Accidents, maladie, incendies, sinistres maritimes ou agricoles, tous ces événements sont, comme la mort, soumis à une loi de périodicité absolue. Pour toutes ces catégories, il est donc utile de posséder des renseignements à l’aide desquels les Compagnies puissent établir le taux de leurs tarifs. Pour elles, également, il est impossible de procéder par voie d’analyse, et il faut se borner à constater les faits accomplis pour essayer d’en tirer une loi relative aux événements futurs.

Assurances contre les accidents. — En ce qui concerne les accidents, aucun relevé Statistique sérieux n’existe en France. La statistique minière publie tous les ans le nombre des accidents graves survenus dans les houillères, mines, et carrières, ainsi que ceux occasionnés par les appareils à vapeur, mais c’est là une analyse tout à fait insuffisante. En Angleterre, les accidents de chemins de fer et de mines sont spécialement relevés, et les accidents mortels sont officiellement constatés. Là encore, l’insuffisance des renseignements apparaît. Lorsqu’à la suite de catastrophes en 1880, la responsabilité des patrons eût été reconnue, les compagnies anglaises firent demander à un actuaire de dresser des tables. L’un d’eux, M. Witthall, calcula, pour un assez grand nombre de professions, la probabilité d’accidents mortels qu’elles présentaient ; mais ce travail, basé sur les résultats de trois années, comparés aux chiffres fournis par le recensement de la population, sur le nombre des ouvriers de ces mêmes professions, n’a pu donner qu’une appréciation très approximative de la véritable moyenne.

Ce n’est guère qu’en Allemagne qu’on trouve des renseignements sérieux sur la statistique des accidents.

Depuis longtemps déjà, le bureau de la statistique générale de Prusse publiait des renseignements très complets sur les accidents, et tout dernièrement le service a été généralisé et considérablement augmenté. Au moment de la discussion au Reichstag du projet de loi sur l’assurance obligatoire contre les accidents industriels (V. État, assurance), M. de Bismarck fit faire une grande enquête pour déterminer la prime à payer par les patrons et les ouvriers. Les résultats de cette enquête, basés sur des observations qui ne durèrent que quatre mois, ne pouvaient être concluants. Mais, depuis cette époque, une table annuelle indiquant la nature des accidents, leurs nombre et leurs effets est publiée par l’office central de Berlin.

De sérieux efforts sont faits en ce moment en France pour améliorer et compléter les renseignements que nous possédons déjà et, dans sa séance de 1890, le Conseil supérieur de statistique s’est occupé, en première ligne, d’établir le programme d’une enquête analogue à celle qui fonctionne actuellement en Allemagne.

Assurances contre la maladie. — Les tables de morbidité, c’est-à-dire les tables indiquant la probabilité qu’il y a pour un individu de devenir malade, dans un temps donné, et qui peuvent être employées avec succès pour l’assurance contre la maladie, n’ont pas donné lieu à des travaux suivis en France. La table de mortalité des sociétés de secours mutuels de 1852 contenait bien, il est vrai, une colonne annexe indiquant, pour chaque âge, la durée moyenne annuelle des jours de maladie, mais on s’en est tenu là depuis, et rien n’a été fait dans cette voie.

En Angleterre, au contraire, on s’est beaucoup préoccupé de la question, et de nombreuses tables ont été dressées. Citons notamment celles de la Highland Society d’Écosse celles de Finlaison, d’Edmonds, d’Ansell de Nelson et de Radcliffe. Toutes ces tables ont l’inconvénient de ne pas faire de distinction suivant le sexe et la profession ; elles n’indiquent que le coefficient de maladie afférent à chaque âge. Il n’y a guère qu’en Italie où l’on possède une table de morbidité complète. Elle est due au commandeur Bodio et a été publiée en 1891. Les sociétés de secours mutuels du royaume en ont fourni les éléments, et toutes les distinctions désirables y figurent.

Assurances contre l’incendie. — À mesure qu’on s’éloigne davantage de l’assurance sur la vie, les matériaux nécessaires à l’élaboration des tarifs se font plus rares.

Cependant, chaque compagnie d’assurances contre l’incendie a un bureau de statistique où elle concentre ses renseignements, de façon à modifier, le cas échéant, les différents tarifs qu’elle applique à chaque catégorie de risques. La tarification change par départements ou par groupes de départements. La Seine et Seine-et-Oise, entre autres, ont à peu près la même tarification. Il y a tels départements où certains risques industriels présentent plus de chances d’incendie que dans tels autres ; les primes à payer sont par con-