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des physiocrates, nous voyons que ces précurseurs ont indiqué les principales conclusions auxquelles on pouvait parvenir et que, depuis, peu de chose y a été ajouté. Tous ont été d’accord pour réclamer la liberté du commerce et du travail, pour arriver à la diminution des charges publiques et à la destruction des privilèges ; ils ont montré les premiers qu’on pouvait résoudre dans un sens libéral ce problème qui se trouve au fond de presque toutes les questions économiques et politiques : la détermination des rapports de l’individu et de Y État (V. ces mots). Les erreurs qu’ils ont commises disparaissent devant ces résultats.

G. SCHELLE.

Bibliographie.

Nous ne pouvons signaler ici tous les ouvrages qu’il faudrait consulter pour faire une étude complète de la physiocratie et des physiocrates. Voici d’abord quelques ouvrages généraux : i<> L’excellent recueil composé par Daire pour la collection des grands économistes (2 volumes contenant les oeuvres principales de Quesnay, de Du Pont de Nemours, de la Rivière, de Le Trosne, de l’abbé Eaudeau, chez Guillaumin, 1846}. C’est cet ouvrage qui a ramené l’attention sur les physiocrates, presque complètement oubliés alors. 2* Les œuvres de Quesnay, édition Oncken 1888. 3» L’ouvrage que nous avons publié sous le titre de Du. Pont de Nemours et l’école physiocraîique et auquel nous avons fait de nombreux emprunts pour la rédaction du présent article. — Nous devons signaler aussi les journaux du temps, notamment la Gazette du commerce, le Journal de l’agriculture, les Êphémérides du citoyen ; puis les divers écrits du marquis ,de Mirabeau, de Du Pont de Nemours, de l’abbé Baudeau, de Turgot, etc. ; puis ceux des adversaires des physiocrates : Forbounais, Mably, Necker, Graslin, Linguet, M ail et- Du pan, etc., enfin divers Mémoires, tels que ceux de Suard, de Marmontel, de madame du Hausset, etc.

PITT (William), premier comte de Chatham t l’un des orateurs et des hommes d’État les plus illustres de l’Angleterre naquit, le io novembre 1708, àBoconnoc, en Cornouailles. Il était le second fils de Robert Pitt dont le père Thomas avait été gouverneur à Madras. Il fut élevé à Etou et entra, en 1726, au collège de la Trinité à Oxford ; à cause du mauvais état de sa santé, il ne put passer les examens et dut voyager en France et en Italie. La fortune de son père ayant été recueillie par son frère aîné, il fut heureux d’obtenir une commission de cornette dans un régiment de cavalerie ; mais, en 1737, son frère aîné Thomas, élu dans deux circonscriptions, à Old Sarum et à Oakhampton, opta pour Oakhampton et lui permit ainsi de se faire élire à Old Sarum (janvier 1735). William Pitt se fit remarquer, dès le début, par ses talents oratoires et par ses attaques véhémentes contre Robert Walpole qui dirigeait alors le ministère ; celui-ci se vengea de l’opposition du député en privant l’officier de son grade ; sa commission de cornette lui fut retirée, mais le prince de Galles ne tarda pas à lui donner une compensation en le nommant gentilhomme de sa chambre. Après la chute de Walpole (1742), Pitt continua l’opposition contre son successeur, Carteret. Il reçut, en 1744, un legs de dix mille livres sterling que la duchesse douairière de Marlborough lui laissait, selon les termes du testament « à cause de son mérite personnel et du noble désintéressement avec lequel il avait soutenu l’autorité des lois et empêché la ruine de l’Angleterre ». En 1746, il entra aux affaires avec le duc de Newcastle. Il fut nommé successivement vice-trésorier d’Irlande, conseiller privé et payeur général des troupes. Il fit preuve, dans l’exercice de ces dernières fonctions, d’un désintéressement qui contrastait avec les scandaleux abus dont ses prédécesseurs n’avaient pas craint de tirer profit, et sa popularité en fut augmentée ; en 1755, il donna sa démission, à raison de dissentiments avec le ministère au sujet du Hanovre. Mais les revers éprouvés par l’Angleterre au début de la guerre de Sept ans ne tardèrent pas à amener la retraite de Newcastle et Pitt fut appelé à diriger le nouveau cabinet comme principal secrétaire d’État, chargé des affaires étrangères (4 décembre 1756). La question du Hanovre souleva de nouveau des difficultés ; Pitt trouvait exagérés les sacrifices que le roi demandait à l’Angleterre pour la protection de son électorat, et George II mécontent de son opposition sur une question qui lui tenait à cœur le pria de se retirer (avril 1757). Deux mois plus tard, après quelques essais infructueux pour former un cabinet durable, le roi dut céder à l’opinion publique et rendre à Pitt les fonctions de premier ministre. Pitt, considérant rabaissement de la France comme le premier intérêt de l’Angleterre, poursuivit ce but avec la dernière énergie sur le continent, sur mer et aux colonies ; l’Inde, le Canada, le cap Breton arrachés à la France devaient être, pour son pays, le fruit de sa politique habile et ferme ; il n’eut cependant pas la satisfaction de signer la paix ; dès qu’il eut connaissance du pacte de famille, il jugea inévitable une guerre avec l’Espagne et fut d’avis de prévenir cette puissance, en l’attaquant aussitôt, mais n’ayant pas réussi à faire prévaloir ses vues dans le cabinet, il donna sa démission le 5 octobre 1761.

En 1766, le bill du timbre fit naître les difficultés avec les colonies américaines et marqua l’origine de la lutte d’où devait sortir l’indépendance de ces dernières. Pitt combattit ce bill et soutint même que le Parlement n’avait pas le droit d’imposer des taxes aux colonies ; l’acte du timbre fut rapporté en mars 1766 et au mois de juillet suivant.