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Utrecht, à Amsterdam et à Paris ; il y étudia la médecine. A son retour en Angleterre, en 1646, il s’adonna un moment à la recherche de quelques inventions mécaniques. Deux ans après, il se fit recevoir docteur en médecine à Oxford et devint le suppléant de l’un des professeurs. En 1661, il fut envoyé au collège de Gresham et chargé d’enseigner à la fois l’anatomie et la musique. Enfin, en 1662, il obtint sa nomination de médecin à l’armée d’Irlande. Ce fut là l’occasion de sa rapide fortune. Henry Cromwell le chargea de la répartition des terres confisquées et le fît nommer député en 16S8 ; plus tard, Charles II le maintint dans sa charge d’inspecteur général de l’Irlande et le créa chevalier et même, dit-on, comte de Kilmore ; ses descendants devinrent successivement barons et comtes de Shelburne, marquis de Lansdowne, etc. Élu de nouveau membre du Parlement, il revint à Londres et fut, en 1662, l’un des fondateurs de la Société royale, aux travaux de laquelle il contribua jusqu’à sa mort.

« Sir William Petty, dit Mac Culloch, fut l’un des hommes les plus distingués de son temps. S’il eut un égal succès dans l’acquisition de la fortune et de la science, c’est à sa rare intelligence et à son activité infatigable qu’il le dut. Quant à ses écrits, ils sont bien supérieurs aux travaux analogues qui datent de son époque, et ils méritent une attention particulière. »

Parmi ses ouvrages figure un curieux écrit, Adviee to S. Hartlib for the advancement of learning (Conseil à sir Hartlib sur le perfectionnement des sciences) (Londres, 1648, in-4o), où nous relevons un vœu assez vague en faveur d’un établissement qui serait à la fois une Bourse du travail, un Conservatoire des arts et métiers, un Échange général, etc. « Nous y devons, dit-il, recommander l’établissement d’un bureau général par le moyen duquel tout le monde puisse être informé de ce que souhaite chacun et de ce qui lui manque, afin que par cette communication de desseins et de secours réciproques, les génies et les travaux ne soient plus comme autant de charbons dispersés çà et là, qui, faute d’être rassemblés, s’éteignent bientôt, au lieu qu’en les mettant ensemble ils auraient donné une utile chaleur et produit une agréable lumière. »

Mais son meilleur ouvrage, le seul qui le recommande sérieusement à nous, est : Atreatise of taxes and contributions, etc., Londres, 1662, 1667, 1685, in-4o (Traité des taxes et des contributions, etc.) Il y explique la nature et la proportion des revenus des terres de la Couronne, des cotisations, des douanes, PETTY

des capitations, des loteries, etc. « C’est, a dit Mac Culloch, parmi les premiers écrits sur un sujet économique l’un des écrits les plus remarquables qui aient paru. En plusieurs endroits de cet ouvrage, sir William a indiqué très distinctement le principe fondamental qui, développé par Ricardo, a changé la face delà science. Ce principe, c’est qu’en général la valeur des denrées est déterminée par le& frais occasionnés par leur production et par leur transport sur le marché. » Voici le passage du traité qui contient le germe de cette théorie : « Si l’on pouvait tirer du Pérou et apporter sur le marché de Londres une once d’argent dans le même temps et avec les mêmes frais qu’il faut employer pour produire un boisseau de blé, l’once d’argent • serait alors le prix naturel de ce boisseau »... Citons encore de lui Political arithmetic, etc. , ou Traité d’arithmétique politique sur l’importance d’un pays, sa population, son industrie, son commerce, l’économie de la. campagne, sa puissance sur mer et sur terre, ses revenus publics, plus particulièrement en ce qui concerne les domaines du roi de la Grande-Bretagne, et ensuite ceux de ses voisins, la Hollande, la France, etc. (Londres, 1690, in-8o). Dans cet ouvrage, sir W. Petty essaie de prouver qu’un petit pays, avec un peuple peu nombreux, peut, par sa situation, son commerce et sa politique, égaler en richesse et en force, une nation beaucoup plus nombreuse et un pays plus étendu. Il compare ensuite la puissance maritime de la. France avec celles de l’Angleterre et de la Hollande et il estime que jamais la France ne pourra égaler ces dernières. Cet ouvrage, qui fut présenté à Charles II, a paru postérieurement avec une épître dédicatoire de lord Shelburne, fils de W. Petty.

On a encore de lui, comme œuvres économiques : un pamphlet sur les Monnaies, où il démontre qu’une contrée n’a pas à craindre de se voir dépouiller de son numéraire par une balance défavorable de son commerce ; et the Political anatomy oflreland (Anatomie politique de l’Irlande, Londres 1692, in-8o), qui donne, chose rare à cette époque, une statistique exacte de la propriété bâtie et de la population.