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une simple capitation, ou repose sur des tarifs proportionnels ou progressifs, il s’efforce de réprimer le luxe, de combattre les abus, il procède par voie de répartition ou de quotité, il est direct ou indirect ; enfin, il frappe la propriété assise ou les consommations. Ces diverses classifications méritaient, sans doute, l’étude détaillée que nous avons essayé de leur consacrer. Cependant, dans un ordre d’idées plus élevé, apparaît une dernière catégorie composée des taxes assises sur les objets indispensables à la vie. C’est sur elles, tout d’abord, que doivent se concentrer aujourd’hui les préoccupations des économistes et des législateurs. Leur suppression graduelle constitue pour tous les peuples la réforme la plus nécessaire et la plus urgente, en même temps, la plus simple et la plus facile à réaliser, toutes les fois que l’état des finances permet d’opérer des dégrèvements. Sans transformations radicales, sans utopie, par perfectionnements successifs, au fur et à mesure des possibilités budgétaires, l’exemption des droits sur les objets de première nécessité est capable de procurer à une nation les deux biens qui lui sont le plus avantageux dans l’ordre matériel : l’accroissement de l’aisance des classes laborieuses et le développement des forces industrielles. L’Angleterre a déjà réalisé à peu près complètement, au milieu de ce siècle, le progrès que nous préconisons ; elle y a trouvé le point de départ de la restauration de ses finances et de l’essor de son industrie. Partout où l’exemple de l’Angleterre sera suivi, les mêmes résultats se produiront.

René Stourm.

Bibliographie.

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— Plakteau (député), Réforme des impôts, 1888, in-4». IMPOT FONCIER.

SOMMAIRE

. Origine et caractères de l’impôt foncier. — Son incidence.

. Différents modes d’assiette de l’impôt foncier.

— Cadastre- — Rachat de l’impôt.

. La rente du sol croît plus vite que l’impôt. — Causes de cet accroissement. — Système de la nationalisation du sol.

. Origine et caractères de l’impôt foncier. ~ Son incidence.

On doit distinguer, en économie politique, l’impôt foncier, c’est-à-dire la taxe qui grève la propriété du sol, de celle qui atteint les constructions élevées sur ce sol par la main de l’homme. L’identité des modes de perception ne peut justifier en effet la classification administrative, qui donne le même nom à des contributions différentes par leur origine, leur nature et leur incidence. L’impôt qui frappe les constructions n’est qu’un des nombreux moyens mis en œuvre par l’ingéniosité du fisc pour atteindre les facultés du contribuable ;’ son origine est relativement récente. L’impôt foncier, au contraire, est une des formes les plus anciennes et les plus générales d’imposition ; il a été comme la suite naturelle de l’appropriation du sol, parce que la société, à mesure qu’elle consacrait le droit exclusif du possesseur, trouvait légitime de lui faire payer la rançon de ce droit.

Les peuples primitifs n’avaient pas les mêmes notions que nous de la propriété foncière, et la théorie sur laquelle elle repose