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PAUPERISME

PAUPERISME

Tollée, Charles Robert, Goffinon, Cb, Engel, de Foville, Fontaine, A. Courtois, A. Rafialovich, E.-O. lami, G. Picot, D r Neuman-Chapson, E. Chevallier, Léon Donnât. A citer aussi un travail fait à la suite de l’Exposition de 1878 : Pat ?’ons et ouvriers de Paris, par A. Fougerousse (1880), qui fait connaître les diverses institutions de patronage érigées par les principales maisons de Paris. Puis une très curieuse monographie : le Manuel de la corporation ckrê’ tienne, par L. Harmel, Tours, 1879, L’auteur, qui est un catholique fervent et un patron dévoué,* appelle du nom de Corporation l’ensemble des œuvres de patronage qu’il a établies pour ses ouvriers et où l’on trouve des confréries pieuses à côté d’institutions purement économiques : caisses de prévoyance, économats, etc. ; partout les ouvriers ont été intéressés à la conduite de ces œuvres. La question du patronage y est traitée ensuite en principe. On peut comparer une œuvre analogue par certains eôtés, mais faite dans un tout autre esprit : les institutions du familistère de Guise {Solutions sociales, par A. Godin. Paris 1872). On pent consulter aussi comme travail d’ensemble, le Patron, de M. Ch. Perin (Lille, 1886).

Puis viennent un grand nombre de monographies traitant ou des institutions d’une maison ou d’une seule sorte d’institutions patronales. Quelques-unes ont été publiées par les maisons où elles sont en force ; on en trouvera beaucoup dans la Réforme sociale, revue bimensuelle publiée par la société fondée par F. Le Play. Pour la question des sociétés de prévoyance autres que les secours mutuels, il faut prendre les travaux de M. Alfred de Courcy et notamment : Caisses de prévoyance, Paris, 1874 ; le Socialisme d’État de M. Claudio Jannet, Paris, 1889 ; les Accidents du travail, 1890, par A. Gibon, ancien directeur des forges de Commentry. C’est dans les publications sur les Sociétés coopératives de consommation et sur les Habitations ouvrières qu’on trouvera des renseignements sur ce qu’ont fait les patrons dans ce sens. Enfin, pour la participation aux. bénéfices, il faut se reporter à l’article Participation. Pour l’étranger, on peut lire les monographies de F. Le Play, qui ont seulement le défaut d’être anciennes (1850) ; l’ouvrage plus récent de M. René Lavollée, Classes ouvrières en Europe (Paris, 1884), et enfin les Rapports publiés par le Ministère des affaires étrangères en 1890 et qui contiennent des renseignements envoyés par nos consuls sur l’état des ouvriers à l’étranger. On trouvera aussi pour les États-Unis les détails les plus complets dans le* Rapport (Washington, 1888) du commissaire du travail sur les femmes ouvrières ( Woorking Women).

PAUPÉRISME.

SOMMAIRE

. Variétés de l’indigence.

. Causes.

. État actuel.

. Remèdes.

Bibliographie.

. Variétés de l’indigence.

Quoique le mot paupérisme soit un mot fréquemment employé, depuis cinquante ans surtout, pour désigner l’indigence, et quoique, pour cette raison, nous ayons dû nousmême nous servir de cette rubrique, l’étude qui va suivre est celle de l’indigence, en général, plutôt que celle du paupérisme, qui n’en est qu’une des variétés.

On rencontre ici, en effet, des expressions prises fréquemment, mais à tort, comme synonymes ; ce sont les mots : pauvreté, indigence, misère et paupérisme. Chacune de ces expressions correspond à un état bien distinct, à un degré différent du même mal, à ïl.

une variété différente de la même maladie sociale 1 . Les expressions pauvreté et pauvres expriment des faits relatifs. La pauvreté est l’état d’une personne moins riche ; les pauvres sont les moins riches, mais non ceux qui sont privés du nécessaire. Prend-on une localité où les habitants jouissent en général d’une certaine aisance, on appellera pauvres ceux qui n’ont pas cette aisance, et cependant ceux-ci peuvent ne pas manquer des choses indispensables à l’existence. La pauvreté est l’impossibilité de satisfaire à certains besoins qui ne sont pas les besoins essentiels, et dont la non satisfaction n’est pas de nature à atteindre gravement, ni surtout à compromettre la vie.

L’indigence proprement dite est un état absolu, où les moyens d’existence de l’individu sont insuffisants, où l’on ne peut assurer la satisfaction des premiers besoins de la vie : la nourriture, le vêtement, le logement. Elle n’atteint toutefois pas l’énergie morale, et ceux qui en souffrent traversent l’indigence plutôt qu’ils n’y tombent. Vienne une circonstance heureuse, la découverte d’un emploi lucratif, on encore une assistance éclairée, et l’indigent en sort victorieux. Mais il faut bien avouer qu’il est souvent difficile dans la pratique de dire où commence l’indigence et où finit la pauvreté. «Pour les individus, pour les familles atteintes, dit M. Modeste, c’est un mal guérissable, et tant qu’il ne guérit pas, supportable. Partout, autour d’elles, elles trouvent de quoi se fortifier, s’appuyer, se relever, si elles le veulent ; en même temps, tout leur en souffle la volonté et l’énergie. Que si, malgré tout, elles demeurent, leur mal est sans force pour gagner plus loin. Elles ne sont d’aucun péril pour la société, qui les entoure. » La misère est plus grave, et sa gravité provient de ce qu’elle est la forme permanente de l’indigence et de ce qu’elle implique non seulement des privations de toutes sortes, un dénuement complet, mais encore une certaine dépression morale, l’abandon de soimême, La misère est donc un mal peu guérissable, assez souvent héréditaire, contre lequel l’assistance est parfois impuissante et contre lequel le travail ne peut rien, parce qu’il le paralyse. Toutefois c’est un mal individuel, non pas qu’il ne puisse frapper et qu’il ne frappe habituellement une famille entière ; mais c’est un mal qui atteint isolément les individus, sans avoir d’effet épidémique ou contagieux.

Tout autre est le paupérisme, maladie sociale nouvelle, aussi nouvelle que le mot qui . M. Victor Modeste, le Paupérisme en France, p. 71.