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PATRONAGE — 441 —

le produit les aidera dans le temps du ralentissement de l’usine.

A l’intérieur même de la fabrique, le patron peut, sans être contraint ni par les règlements ni par les demandes de ses ouvriers assez insouciants, ceci est notable, de tout ce qui concerne l’hygiène, prendre de nombreuses mesures pour l’aération et pour la salubrité, mais surtout pour diminuer les dangers que présente l’emploi toujours plus grand des moteurs mécaniques. Ainsi diverses sociétés entre fabricants d’appareils à vapeur se sont fondées à l’imitation de celles que M. Engel-Dolfus établit à Mulhouse pour chercher les meilleurs moyens de préservation : des inspecteurs, payés parles sociétés, visitent les ateliers qui leur sont volontairement ouverts et conseillent les chefs de maison. La loi française se borne à interdire d’employer les femmes aux travaux des mines, tous autres travaux sont donc permis. Mais nombre de patrons leur évitent les travaux pénibles ou les travaux de nuit qu’on leur fait trop souvent exécuter à raison seulement de l’économie de main-d’œuvre que procure leur emploi ; d’autres vont plus loin et leur accordent, afin qu’elles puissent se livrer aux soins du ménage, ou bien une interruption plus longue du travail quotidien ou même, en quelques usines, l’après-midi du samedi. En plusieurs maisons elles reçoivent, pendant les trois ou quatre semaines qui suivent leurs couches, leur salaire sans travail afin qu’elles puissent prendre du repos sans que le budget du ménage ait à en souffrir. Pour les enfants la loi a plus prescrit ; elle a marqué un âge minimum avant lequel ils ne peuvent être reçus dans les ateliers et un maximum de la durée du travail quotidien. Mais un patron soucieux de ses devoirs peut ajouter par sa sollicitude aux prescriptions toutes sèches de la loi. C’est ainsi que dans tel établissement non seulement une surveillance affectueuse suit les enfants partout, mais on a soin, là où ils travaillent comme auxiliaires des hommes, de joindre les fils à leur père, afin, autant qu’il se peut, de continuer la famille jusque dans l’atelier. c. Instruction des enfants. — Il y a longtemps que les patrons importants, que ceux surtout dont les maisons sont situées en dehors des centres dépopulation, ont construit des écoles pour leur personnel, ouplutôtpour les enfants de leurs ouvriers. Ils continuent encore de le faire, bien que ce sacrifice semble moins utile aujourd’hui que les écoles se sont multipliées de manière à passer les besoins. Mais outre que l’enseignement qu’on y donne est souvent mieux adapté à leurs besoins que l’enseignement officiel, il y a PATRONAGE

pour les enfants déjà admis à râtelier des questions d’heures de travail dont l’école communale ne peut tenir compte et qui rendent souventnécessaire une école àpart. C’est au patron encore qu’il appartient (et beaucoup n’y manquent pas) de prendre telles mesures qui assurent l’assiduité des enfants à l’école, car si on n’a cette assiduité, on aura peu obtenu en érigeant des bâtisses. Il n’est question là encore que d’instruction générale ; l’action des patrons est bien plus efficace en matière d’instruction professionnelle, c’est-à-dire lorsqu’il s’agit de faire apprendre un métier à l’enfant. On a vu que l’apprentissage (voy. ce mot) reposait tout entier sur le vouloir du patron ; qu’il dépendait de lui d’enseigner l’enfant ou d’en faire un simple manœuvre. Apprendre à Fenfant ce qu’on s’est engagé à lui montrer est seulement tenir sa promesse et exécuter un contrat, mais dans la grande industrie, déjà même dans la moyenne et dans la petite où tout s’exécute par spécialité, il n’y a plus proprement d’enseignement professionnel ; les enfants apprennent le métier en travaillant à côté des ouvriers et ils deviennent ouvriers eux-mêmes seulement en prenant de l’âge et de la force. Il dépend alors du patron d’admettre dans ses ateliers les enfants de ses ouvriers de préférence aux autres ; c’est un soin que prennent les patrons diligents, afin de maintenir la stabilité des familles. Ils ont soin, autant qu’il se peut, de mettre une proportion entre le nombre des enfants et celui des ouvriers afin de ne pas encombrer le métier et de n’admettre enfin que ceux qui ont une force suffisante pour exercer la profession. La Compagnie d’Anzin les prend à l’essai et lorsque, après un certain temps, elle se voit obligée, sur l’avis du médecin, de congédier un enfant trouvé trop faible pour le travail de la mine, elle lui alloue à titre gracieux, une indemnité mensuelle de 15 francs par mois pendant deux ans pour l’aider à trouver un autre état.

d. Habitations ouvrières. —La difficulté de trouver des logements sains et à portée de leur travail est grande pour les ouvriers modernes. Quelques patrons ont été ainsi conduits à bâtir pour leur personnel. Mais ils l’ont fait parce que leurs usines étant situées à la campagne, ils n’auraient pu autrement trouver d’ouvriers et ils se sont contentés de tirer de l’argent ainsi employé un suffisant intérêt, alors que d’autres chefs d’industrie font fait pour assurer le bien-être de ceux qu’ils emploient. Ils construisent des maisons accompagnées de jardin et du confortable propre à plaire à des hommes de cette condition, voulant leur procurer un intérieur