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OFFRE ET DEMANDE

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OLAVIDE Y JAUREGUt

dises sont en quantité illimitée ou, plus correctement, sont susceptibles d’être produites indéfiniment avec avantage.

Supposons qu’une marchandise ne puisse être produite en tout temps et à volonté, qu’elle soit en quantité limitée sur le marché général. Supposons, en outre, qu’elle soit une marchandise de consommation générale et de nécessité très grande. La demande de cette marchandise tendra à dépasser son offre et à se maintenir. Or, dans ces conditions, comment agit la loi de l’offre et de la demande pour fixer les prix, eu égard aux divers prix de revient des différents producteurs ?

Réduisons à trois, pour simplifier, les 

producteurs qui offrent sur lemarché une marchandise de cette nature, du blé par exemple. Le prix de revient de l’hectolitre de blé est, pour le premier de 14 francs, pour le second de 15 francs ; pour le troisième de 16 francs. Ce dernier prix de revient est le plus élevé ; il s’appelle le coût de production ou prix de revient maximum. Or, comme la demande est, et se maintient, par hypothèse, plus grande que l’offre, le blé de tout le marché sera nécessaire à la demande : il sera tout acheté. Il s’ensuit que c’est le producteur de blé au prix de revient le plus élevé soit, ici, au prix de 16 francs, qui fixera le prix de l’hectolitre de blé, et il le fixera certainement à un chiffre un peu plus grand que celui de son prix de revient. L’hectolitre de blé se vendra donc au-dessus de 16 francs. Et l’excédent qui s’ajoutera au coût de production sera plus ou moins grand suivant que la demande sera plus ou moins intense. (V. Rente.)

Si l’on suppose, au contraire, que la marchandise considérée est un produit facile à multiplier, dont le prix de revient même baisse si l’on augmente la quantité des unités fabriquées, un phénomène inverse de celui que nous venons de décrire se manifeste (V. Débouchés). L’entrepreneur qui, par des procédés perfectionnés, arrive à abaisser son prix de revient et peut, en même temps, répondre à la demande qu’il va* provoquer, cherche à conquérir le marché en vendant beaucoup, il offre donc sa marchandise en quantité assez considérable et à un prix inférieur à celui de ses concurrents. Pour les produits de cet ordre, qui sont des produits fabriqués, tels que tissus, etc., les prix tendent donc à se régler, dans ces conditions, sur le prix de revient minimum.

Larépartition des hommes entre les diverses professions est ainsi réglée, en définitive, comme les salaires, comme l’intérêt, par la loi de l’offre et de la demande, bien que le choix d’une profession dépende beaucoup des mœurs, des habitudes, et parfois du hasard. Mais la loi de l’offre et de la demande ne tient pas compte, ainsi que nous l’avons vu, des causes qui produisent l’offre et la demande : elle est simplement le résultat de leur comparaison respective à un moment donné. André Liesse.

OLAVIDE Y JÀUREGUI (donPablo Antonio .José de), naquit à Lima le 2ft janvier 1725. Esprit et talent supérieurs, affiné très tôt par de sérieuses études, il acquit fort jeune une grande réputation et remplit à Lima de hautes fonctions administratives.

Accusé de malversations et d’impiété, il vint à Madrid justifier sa conduite. Là, il trouva dans le comte d’Aranda un ami et un protecteur, et Ton peut attribuer, sans hésitation, à don Pablo de Olavide les plus importantes réformes économiques du règne de Charles III. A la suite d’un voyage par l’Europe entière, Olavide, devenu l’ami do Voltaire, de Rousseau et du monde philosophique, conçut l’idée de relever l’agriculture espagnole et, à cet effet, d’introduire et d’établir, dans la Sierra-Morena, des colonies agricoles. Nommé intendant de ce département, il mit son idée à exécution et la dirigea pendant huit années avec autant de logique que de zèle. Malheureusement, le recrutement des colons fut confié à un officier mercenaire, un Bavarois taré, du nom de Gaspard Thurriegeî, qui n’amena dans la colonie que des gens misérables ou vicieux. Le clergé saisit cette occasion de battre en brèche don Pablo de Olavide, dont les opinions libérales et les relations philosophiques étaient suspectes (1775).

Appelé à la cour pour y répondre aux accusations de mauvaise administration et d’hérésie, Olavide réussit à justifier son administration, mais non pas à calmer le zèle des inquisiteurs et, malgré les amitiés influentes dont il disposait par ses relations de famille, il fut arrêté ; après un procès de deux années qui se termina par un autillo (petit autodafé secret), don Pablo de Olavide fut condamné à la perte de ses biens et à une réclusion de huit ans dans un couvent. Il subit sa peine, mais s’enfuit d’Espagne dès qu’il en trouva l’occasion. De 1780 à 1798, il résida tantôt en France, où ses amis le reçurent à bras ouverts et le traitèrent comme une victime de l’obscurantisme, tantôt en Suisse, où il fut un moment obligé de se réfugier pour échapper aux persécutions que le gouvernement de Charles III continuait à exercer contre lui. Les excès delà révolution française, dont il pâtit, ébranlèrent sa foi dans les principes de la philosophie régnante ; il