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OFFRE ET DEMANDÉ — 418

OFFRE ET DEMANDE

rience l’établit, qu’une petite portion de l’excédent produit par une récolte abondante. La baisse ne s’arrête que lorsque les cultivateurs retirent leurs grains du marché et les gardent dans l’espoir que les prix se relèveront, ou lorsque les spéculateurs viennent acheter le blé parce qu’il est à bas prix et l’emmagasinent pour le vendre lorsque la demande augmentera. Que l’offre et la demande soient égalisées par une augmentation de demande, à la suite de l’abaissement du prix ou par le retrait d’une partie de l’offre, le résultat est le même, l’égalité. «Ainsi, nous voyons que l’idée de rapport entre l’offre et la demande serait déplacée et n’a rien à faire ici : s’il faut chercher un terme dans le langage des mathématiques, il convient d’employer celui d’équation. Il faut que l’offre et la demande, la quantité offerte et la quantité demandée, soient égalisées. S’il se produit une égalité, elle est couverte par la concurrence et la chose a lieu par la hausse ou la baisse de la valeur. Si la demande augmente la valeur s’élève ; si la demande diminue, la valeur baisse : si l’offre est insuffisante, la valeur monte, et elle descend si l’offre augmente. » (John-Stuart Mill, Principes d’économie politique, t. I er , liv. III, ch. ii, § 4). »

Cette description du mécanisme de l’offre et de la demande suffit à montrer que cette loi fixe souverainement les prix, et cela indépendamment du régime d’appropriation (voy. ce mot) sous lequel vit la société que l’on considère. Les mesures autoritaires prises, par exemple , pour imposer un maximum (voy. ce mot) des prix peuvent, pendant un certain temps, maintenir les prix à ce maximum si l’on suppose que ce prix maximum permette encore à quelques entreprises de ne pas être en perte. Le jour où toutes les entreprises d’une même industrie sont en perte, l’offre cesse. La concurrence n’a plus lieu faute de concurrents.

Les mesures autoritaires peuventlimiterle champ d’action de la loi de l’offre et de la demande, elles peuvent même parfois le supprimer en supprimant toute production d’un produit déterminé ; mais, si restreint que soit le champ d’action, la loi naturelle de l’offre et de la demande y règne avec ses conséquences. Nous savons que plus le marché où s’exerce la concurrence est limité, plus les crises, c’est-à-dire les baisses ou hausses rapides et considérables de valeur, sont nombreuses. Dans cet état, la loi de l’offre et de la demande est toujours une loi d’équilibre, mais cet équilibre semble, à cause des obstacles, s’établir plus difficilement. 11 en est de même d’un liquide : si on le verse dans un vase à orifice très large, il présente une nappe f unie et étendue dont l’œil perçoit très bien le plan horizontal ; si au contraire le vase a une forme tourmentée, est composé de tuyaux coudés, étroits, contournés en hélice, le liquide passe malgré les obstacles dus au frottement et au chemin à parcourir, à travers tous ces méandres, et arrive à établir son niveau, moins sensible à la vue que le premier, mais néanmoins très réel. La loi de l’offre et de la demande a donc un effet immédiat et décisif sur la détermination des prix, puisqu’elle les fixe ; elle a de plus une influence qui se transmet, par voie de conséquence, sur les prix à venir (V. Paix). Son effet immédiat est, comme nous venons de le voir, de faire l’équation d’échange. Peu importe qu’une marchandise ait coûté à produire plus qu’elle n’est payée ; si elle V n’est pas demandée de façon à dépasser ou même à atteindre son prix de revient, si en outre le vendeur est obligé de vendre, de maintenir son offre, il est en perte. Si, d’un autre côté, une demande très forte d’un autre produit se manifeste sur ce même marché, le prix de ce produit arrive parfois à s’élever très haut et à être, en cas de rareté grande, bien des fois supérieur à son prix de revient. Quelle influence a donc lai loi de l’offre et de la demande sur les prix à venir ? Comment, en d’autres termes, agit- "^ elle sur la production ? Elle agit sur la production en obligeant les entrepreneurs à faire tous leurs efforts pour abaisser le coût de production, c’est-à-dire le prix de revient maximum d’une marchandise déterminée dans les entreprises placées le moins avantageusement. Ainsi, le produit B est offert sur le marché par plusieurs entrepreneurs. Il est l’objet d’une demande très lente qui fait baisser le prix de ce produit au-dessous du prix de revient des entrepreneurs qui ne peuvent fabriquer ce produit qu’avec un prix de revient plus élevé que celui des autres producteurs de B, leurs concurrents. A ce moment, leur prix de revient, qui est le plus haut pour le produit B, est ce qu’on appelle le coût de production. Comme ils sont en perte et que la demande ne tend pas à croître, ils seront obligés de fermer leurs fabriques ou d’améliorer les conditions de leur production.

Mais les choses ne se passent point toujours ainsi, et il faut considérer pour exposer cette question deux cas : 1° celui dans lequel une marchandise est en quantité limitée, ou bien ne peut être augmentée en quantité qu’au prix de dépenses proportionnellement plus grandes que la rémunération qu’elle donnent ; 2° celui dans lequel les marchan-I