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OCTROIS — 395 — OCTROIS « Forcer l’homme à trafiquer d’une manière toute prescrite peut profiter à ceux qui imposent ce commerce ; mais la masse n’y gagne rien, parce que c’est là prendre à l’un pour donner à l’autre. « Les lois ne peuvent fixer les prix en négoce ; que si le fait se produit, ces lois sont autant d’entraves qui gênent le commerce et lui deviennent préjudiciables. « L’argent est une marchandise dont il peut y avoir abondance ou disette, jusqu’à devenir un embarras et un inconvénient, « Un peuple ne doit avoir ni plus ni moins d’argent qu’il ne lui en est nécessaire pour ses transactions habituelles. « Un homme n’est pas riche en proportion Je l’argent qu’il possède, mais en proportion de ce qu’il peut acquérir avec cet argent. « La libre fabrication de la monnaie n’est que la découverte d’un mouvement perpétuel pour fondre sans cesse des métaux et les transformer en monnaie, et un moyen d’entretenir aux frais du public des orfèvres et des monnayeurs. « Déprécier la monnaie n’est qu’un moyen de se tromper les uns aux autres. Le public n’a rien à y gagner ; car il ne reconnaît que les valeurs intrinsèques . Abaisser le poids ou le titre de la monnaie sont deux opérations identiques. « L’argent comptant ou les lettres de change ne sont qu’une seule et même chose, sauf l’aller et le retour. « L’exportation de l’argent, en matière commerciale, accroît la richesse d’une nation. Employé à la guerre et dépensé en payements à l’étranger, il devient pour elle une cause d’appauvrissement. « Tout privilège accordé à un commerce ou à un intérêt quelconque, à l’exclusion d’un commerce ou d’un intérêt rival, est un abus qui diminue d’autant le profit du public. » Les opinions de Dudley en matière de monnaies et particulièrement touchant le droit de seigneuriage sont en général correctes. Il faut en dire autant de ses appréciateurs sur les lois somptuaires (voy. ce mot), alors très populaires ; elles sont également très larges et très éclairées. Tous les économistes qui depuis lors se sont occupés de lui en ont cité ce remarquable passage : « Les contrées qui vivent sous le régime des lois somptuaires, dit-il, sont généralement pauvres. Quand des individus sont ainsi limités dans leurs dépenses, ils perdent le courage d’appliquer l’industrie et le talent qu’ils eussent déployés pour se procurer les moyens de soutenir librement les dépenses qu’ils désirent faire. Il est possible que des familles puissent être soutenues par de pareils moyens, mais alors c’est un obstacle au développement de la richesse nationale ; car celle-ci ne fait jamais plus de progrès que lorsque les richesses circulent de main en main. La classe moyenne voyant ses membres devenir riches et considérables s’anime à l’idée d’imiter leur industrie. Un commerçant voit son voisin avoir -voiture, aussitôt il met en œuvre tous ses efforts pour faire de même et souvent ces efforts le réduisent à la mendicité. Cependant cette application extraordinaire qu’il emploie à satisfaire sa vanité est avantageuse au public ». (V. toutefois Lois SOMPTUAIRES et LlJXE.J Après cescitations, il n’est pas étonnant que Mac Culloch classe sir Dudley North parmi les économistes les. plus distingués de son siècle. Il s’éleva, en effet, au-dessus des préjugés de son temps et même, sur plus d’un point, au-dessus des préjugés des siècles postérieurs ; il fut l’un des membres du triumvirat Locke, Petty et Dudley qui, au xvn û siècle, fonda l’économie politique en Angleterre. Ed. de Làtrëïlle. O OCTROIS. SOMMAIRE PREMIÈRE PARTIE *. OCTROIS SOUS L’ANCIEN RÉGIME. A. — Notions historiques. . Origines des octrois. . Octrois accordés aux villes pendant le xiv siècle. — Ressources (ïu’Hs fournissaient aux finances. . Ressources tirées des octrois sous Louis XIV. Règlements de Colbert. . Les successeurs de Colbert — Augmentations des droits. — Vœux du public. B. — Notions administratives. . Mode d’établissement des octrois. . Perception et destination du produit, . Comptabilité en matière d’octroi§.