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dépenses qu’il fait que par celles qu’il provoque chez les particuliers. « Les personnes, a dit avec raison J.-B. Say, qui par un grand pouvoir ou de grands talents cherchent à répandre le goût du luxe, conspirent contre le bonheur des nations. »

Concluons. L’économie politique pure ne connaît pas le luxe. Elle ne distingue pas, entre les désirs qui causent le travail, ceux qni ont pour fin les consommations de luxe de tous les autres. Entre les consommations diverses, elle distingue celles qui ont pour objet l’entretien et l’accroissement des forces productives ou de la population de celles qui ne servent pas à cet entretien ou à cet accroissement. Entre ces dernières sont les consommations de luxe. La morale part de là pour blâmer les dernières etplus spécialement celles qui ne servent ni à l’entretien et à l’amélioration de la famille qui s’y livre, ni à son accroissement et plus particulièrement celles qui l’affaiblissent par des vices, comme l’ivrognerie et le jeu ou simplement le goût de l’ostentation. Le luxe est chose d’opinion : il croît quand les sentiments qui forment l’opinion s’abaissent, et décroît lorsque ces sentiments s’éLèvent, soit dans la société en général, soit chez tel ou tel particulier. C’est à l’opinion et à l’opinion seule qu’il appartient de le régler et de le modérer. Courcelle-Sekeuxl.

MABLY

Bibliographie.

Arouet db Voltaire, Observations sur MM. Jean Law, Melon et Dutot, sur te commerce, le luxe, les monnaies et les impôts ; lettre à M. Thiêrîot sur l’ouvragede M. Melon et sur celui deM. Dutot, 1738. — J. Pinto, Essai sur la luxe considéré relativement à la population et à l’économie. Amsterdam, 1762. in-12. — J.-F. Saint-Lambert, Essai sur le luxe, 1764, in-12. — P. G. B. (H.-S. Gerdil), Discours sur la nature et les effets du luxe, avec des raisonnements de M. Melon, auteur de l’Essai politique sur le commerce en faveur du luxe, Turin, Iteycends frères, 1768, in-8°. Gerdil y réfute Montesquieu. — G. -M. Butkl-Dhmont, Saillant et JSyon, Théorie du luxe, ou Traité dans lequel on entreprend d’établir qve le luxe est un ressort non-seulemeirt utile, mais profitable. Loudres et Paris, 1771, 2 vol. in-S . L’auteur plaide en faveur du luxe. — J.-F. Bctini, Traité sur le luxe. Genève, Barden, 1774, ia-12. — A.-F. Lottin, Discours iur ce sujet : Le luxe corrompt les mœurs et détruit les empires. Amsterdam et Paris, Desauges, 1784. Abbé Pluquet, Traité philosophique et politique sur le luxe. Paris, Barrais, 1786, 2 vol. in-12 ; traduit en allemand. Leipzig, 1789. — G. Sémacde Meilhan, Considérations sur la richesse et le luxe. Paris, Valade, 1789, in-8°. — GaiiKDLER, Die Unschœdlichkeit des Luxus (l’Innocuité du luxe). Berlin, 1789. — Doit Juan Sampbhs y Guamkos, Bistoria del lujo y de las %es suntuarias en Espafîa. (Histoire du luxe et des lois somptuaires en Espagne), Madrid, 1788, 2 vol. in-8 ; autre édition de 1797. — Rau, Ueber den Luxus (Du. luxe). Erlangen, 1817, in-8«. — Pennîkg, De luxu et legibus sumptuartis du luxe et des lois somptuaires). Lugd. Bat., 1826. — Rcndb, Beilràge zur Geschiehte dey Aufwandsgesetze (Mémoire pour servir à l’histoire des lois somptuaires). — Voy. aussi Ad. Smîlli, 1. 1, p. 433 ; t. II, p. 563, S83, etc ; — J.-B. Say, Cours complet, t. I,p. 38, 163 ; 390 ; t. II, p. 213, 388, 432 ; — Mac Ciilloch, Princip. d’Écon. polit., t. II (trad. française de M. Rauche) ; et presque tous les traités généraux d’Economie politique. Bunjamiit Constant, dans son Commentaire sur Filauyieri, traite des lois somptuaires.

M

MABLY (Gabriel Bonnot de), né à Grenoble en 1709, mort à Paris en 1785.

Frère aîné de Condillac, Mably entra au séminaire de Saint-Sulpice après avoir fait ses études chez les jésuites de Lyon. Peu soucieux d’arriver aux hautes dignités de l’Église, il se contenta de recevoir le sousdiaconat. Son parent, le cardinal de Tencin, ministre des affaires étrangères, se l’attacha comme secrétaire ; en fait, le véritable ministre fut Mably, le cardinal étant d’une incapacité absolue. En 1743, Mably fut chargé de négocier avec l’ambassadeur de Prusse un traité contre l’Autriche ; en 1746, il rédigea les instructions des plénipotentiaires français au congrès de Breda. La brouille étant survenue entre le ministre et son secrétaire, celui-ci se retira de la scène politique.

Il ne renonça pas pourtant à la science politique. Déjà, en 1742, son Parallèle des Romains et des Français par rapport au gouvernement avait solidement établi sa réputation. En 1748 paraissait le Droit public de l’Europe fondé sur les traités ; puis, successivement, il publiait les Entretiens de Phocion sur le rapport de la morale avec la politique (1763) ; les Doutes proposés aux philosophes économistes sur l’ordre naturel des sociétés (1768) ; Delà législation, ou Principes des lois (1770) ; Observations sur le gouvernement et les lois des États-Unis d’Amérique, curieux ouvrage dans lequel il prédît notamment à la nouvelle république sa chute prochaine si elle ne s’écarte pas de la voie du mercantilisme dans laquelle elle s’est engagée.

Mably ne sortit de sa retraite que pour aller en Pologne, où on lui demandait une constitution. Il en revint plus dégoûté que jamais des hommes et dus choses, rapportant un nouvel ouvrage : Du gouvernement et des lois de ta Pologne (1781). 11 mourut en 1785