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développement en Angleterre, aux États-Unis. Dans ce dernier pays, les épargnes accumulées depuis quarante ans, sous forme de maisons et de terrains, qui ont été payés, grâce aux Coopérative Building and Loan Associations, par les occupants ou leurs familles, sont estimées entre 2 1/2 et 4 milliards de francs. A Philadelphie, sur 185 000 ouvriers, 40 000 ou 50 000 étaient propriétaires de leur maison.

En dehors des pays anglo-saxons, on rencontre des associations de construction dans le Danemark, en Allemagne, en France (à Orléans, Reims, etc.).

Nous arrivons maintenant aux sociétés anonymes qui ont pour objet de construire des maisons à bon marché et de les vendre par annuités aux ouvriers. La liste en est fort longue. Au premier rang, il faut citer la Société des cités ouvrières de Mulhouse ; à Lille, la Compagnie immobilière ; à Saint-Quentin, la Société anonyme saint-quentinoise ; à Amiens, la Société anonyme des maisons ouvrières ; à Nancy, la Société immobilière ; à Paris, la Société anonyme des habitations ouvrières de Passy-Auteuil ; au Havre, à Bolbec, d’autres sociétés analogues ; en Belgique, la Société verviétoise, la Société liégeoise ; on Angleterre, Y Artisans Labourers and General Dwelling Company.

C’est ici qu’il faut ranger les diverses sociétés ou fondations qui existent à Londres, qui ont dépensé 92 millions 1/2 de francs et logent 70 000 personnes (Association métropolitaine, Donation Peabody, Compagnie des logements perfectionnés, etc.) ; à Paris, les constructions de la Société philanthropique (donation Heine), les sociétés de Rouen, de Lyon, de Marseille, les entreprises analogues de New-York, de Brooklyn, etc.

Enfin miss Octavia Hill a eu le mérite d’inaugurer un système particulier : c’est l’amélioration du logement par l’achat de maisons insalubres, qu’on remet en état, qu’on gère économiquement, de façon à obtenir une rémunération raisonnable du capital (pas de charité, pas de socialisme). Au lieu de la gratuité, on donne son temps, on paye de sa personne ; c’est l’inÛuence du contact direct entre les locataires et les propriétaires ou gérants, animés d’un esprit de sérieuse philanthopie. Miss Octavia Hill a fait école non seulement à Londres, mais encore aux États-Unis, en Allemagne.

A. Raffalovich.

Bibliographie.

Dans le volume Congrès international des habitations à bon marché, 1889 (Paris, G. Rougier et C ia , éditeurs), on trouve une bibliographie très étendue rédigée par MM. Arthur Raffalovich et A. Rouflict. Parmi les ouvrages connus, il convient de signaler : Un devoir social, par (J. Ticot (Paris, 1885).— Cheysson, Habitations ouvrières (188f>). — Raffalovich, le Logement de l’ouvrier et du pauvre aux Étals- Unis, Grande-Bretagne, France, Allemagne, Belgique. Rostand, les Questions d’économie sociale dans une grande ville (1889). — Muller et Cacheux, Habitations ouvrières en tous pays, 1889. — Les rapports parlementaires anglais, français, belges.

LOGISMOGRAPHIE. — V, Comptabilité publique, § 4 et 12.

LOIS SOMPTUAÏRES. — Lois destinées à réprimer ou à modérer les dépenses des particuliers.

Il y en a eu, dans presque toutes les républiques anciennes et dans la plupart des États modernes.

Les républiques anciennes étaient fondées, on le sait, sur l’égalité des conditions. Dès que cette égalité était altérée dans une certaine mesure, l’existence même de l’État se trouvait en péril. Les législateurs recouraient alors, pour conjurer le danger, aux lois agraires, aux lois somptuaires, aux lois en faveur du mariage, aux lois qui ordonnaient l’emploi des hommes libres aux travaux des champs. Toutes ces lois, si diverses par la nature des objets auxquels elles s’appliquaient, étaient inspirées par une même pensée et tendaient au même but : prévenir l’anéantissement de la population libre, dans laquelle les armées nationales se recrutaient.

Ces lois, qui aujourd’hui nous paraissent bizarres, montrent à quel point les anciens avaient sur la liberté des idées différentes des nôtres, et combien leur état social était différent de celui qui existe chez nous. « Les Romains, dit Plutarque, ne croyaient pas qu’on dût laisser à chaque particulier la liberté de se marier, d’avoir des enfants, de choisir un genre de vie, de faire des festins, enfin de suivre ses désirs et ses goûts, sans être soumis au jugement et à l’inspection de personne. Persuadés que c’est dans ces actions privées, plutôt que dans la conduite publique et politique, que se manifestent les actions des hommes, ils avaient créé deux magistrats chargés de veiller sur les moeurs, de les réformer et de les corriger, afin que personne ne se laissât entraîner hors du chemin de la vertu, dans celui de la volupté, et n’abandonnât les institutions anciennes et les usages reçus. »

Mais la censure établie à Rome n’était qu’une forme particulière donnée à l’exercice d’un droit que l’antiquité tout entière reconnaissait à l’État. On pensait qu’en défendant l’usage des objets de luxe, on répri* merait l’avidité des grands, et que Ton modérerait la consommation générale de la