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pamphlet de Whately (1 774) qui leur a été attribué en commun. « Aucune prohibition ne peut entraver le luxe qu’un pays est en mesure de payer. Quanta l’or et l’argent, si nous avons des mines, ils font parti de notre production, et si nous n’en avons pas, nous nous les procurons en échange de nos autres productions sous une autre forme. Il serait à souhaiter que le commerce fût libre entre toutes les nations du monde, comme il Test entre les divers comtés de l’Angleterre et toutes, par leurs rapports mutuels, augmenteraient leurs jouissances. Les comtés d’Angleterre ne se ruinent pas les uns les autres par leur commerce ; il en serait de même des nations ». C’est le premier aperçu fondé sur la philosophie de prospérité générale que nous ayons pu découvrir en matière de liberté du commerce. Parles allusions qu’on rencontre chez beaucoup d’écrivains, on constate qu’à toutes les époques il y a eu des individus qui ont prêché la doctrine de la liberté du commerce, an moins dans certains cas spéciaux ou dans certaines limites ; mais ces allusions sont faites par des auteurs qui cherchent à réfuter la doctrine de la liberté. Quant à la liberté du commerce, elle n’a pas laissé de trace d’une littérature qui lui fût favorable et, antérieurement au xvm e siècle, personne ne paraît avoir envisagé comme possible un commerce international libre entre les nations, de même que dans les anciens États classiques personne n’envisageait la possibilité d’une abolition de l’esclavage.

Whately a dit que la plupart des mesures prises pour réglementer le commerce ont été des erreurs politiques ou des balourdises. « On ne peut guère espérer, dit-il, que les princes permettent au commerce international de s’exercer librement, parce qu’ils se rendent rarement compte de leur véritable intérêt, mais il ne s’ensuit pas qu’il n’y ait pas de principes fondamentaux pour le gouvernement des nations industrielles. » Et encore : « Dans les transactions du commerce, on ne peut supposer que ce que l’un gagne, l’autre le perde nécessairement comme dans une partie de jeu. Le bénéfice de chacun des contractants peut être égal ; À a plus de blé qu’il n’en peut consommer, mais il manque de bétail ; B, au contraire, aplus de bétail qu’il ne lui en faut et il manque de blé. L’échange est un bénéfice pour tous les deux ; et par cet échange la masse des jouissances de la vie est accrue. »

En Italie aussi, on faisait des travaux importants dans le sens des nouvelles idées. Quoique le livre de Bandini n’ait été publié qu’en 1775, il avait été écrit en 1737. L’auteur était véritablement le précurseur d’Adam Smith dans ce qu’il dit des avantages de la liberté du commerce du blé en toutes les circonstances, quoiqu’il ait concédé la possibilité de certaines restrictions en cas de rareté. Il s’élève contre la notion exagérée de Faction de l’argent, quoiqu’il ne soit pas sans inquiétude quant à l’effet de l’exportation de l’or. Neri préconise lalibertéducommercedublé ; il attribue les lois restrictives à l’influence du droit romain. Ortès déclare que la richesse consiste en produits utiles et non dans for, et qu’une nation riche en or doit être pauvre en marchandises. Le commerce intérieur accroît le bien-être de tout le monde, mais le commerce extérieur ne fournit que le luxe et ne produit d’avantages qu’au profit de la classe moyenne. La balance du commerce est, pour un temps, favorable à une nation et ensuite à une autre. A la longue, un état de choses remplace l’état de choses précédent.

Beccaria a fourni une bonne critique de la vieille définition par laquelle on disait que le commerce servait à l’échange du superflu contre le nécessaire. Il dit que le commerce n’a pas pour objet d’échanger des équivalences, mais de donner une petite quantité de ce qui est moins utile en échange de la plus grande quantité possible de ce qui est plus utile ; mais il ajoute qu’on ne peut pas tirer tout l’avantage qui devrait résulter de Lapleine opération qu’on a réalisée ; car, dit-il, le commerce intérieur ne profite à un citoyen qu’aux dépens d’un autre. Il n’y a pas de gain réel pour l’État dans le commerce intérieur, mais le commerce étranger est un gain pour les citoyens aux dépens des étrangers. Aussi est-il absurde de vouloir faire d’une nation un corps indépendant en soi. A la longue, les écarts de la balance du commerce entre toutes les nations doivent se neutraliser.

D’Arco (1782) désire que les nations cessent de se jalouser et de s’appliquer à créer des monopoles à leur profit. Il veut qu’elles forment une seule et même société avec une liberté mutuelle de commerce ; le commerce deviendrait alors une cause de paix et non pas de guerre. Les plans des hommes d’État qui sont imbus des idées des systèmes en honneur pour la direction du commerce dans un sens forcé sont illusoires. Il en est de même des combinaisons qui ontpour objet de garder l’argent chez soi. « L’inefficacité d’une prohibition, dit-il, en suggère presque toujours une autre, aussi inefficace et encore plus malfaisante. » Le résultat de la prohibition de sortie des matières premières encourage les producteurs nationaux àproduire