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(la Chine le prouve tous les jours) la chose la plus vraie qu’il ait dite, mais elle parut comique, au milieu des transcendances de ses dogmes et de la solennité amphigourique de ses triades superposées, où l’engrais avait pris place, comme la terre. C’était trop chinois pour Paris, pour la France où le circulus acheva de tuer le prophète Pierre Leroux dans l’opinion de ses contemporains. Pierre Leroux, gauche et timide d’allure, court, mal pris et mal soigné de sa personne, ne pouvait exercer aucune fascination sur les foules. Il n’en a pas moins été un très honnête homme, bon mari, bon père, pacifique et doux aux siens, mettant en pratique dans son milieu sa doctrine de renoncement. S’il a convaincu peu de gens, s’il ne lui reste pas aujourd’hui un seul disciple, il s’était du moins convaincu lui-même ; ce qui n’a pas empêché Proudhon de le traiter de pitre et de saltimbanque. Le plus sincère des deux ce n’était pas Proudhon (voy. ce nom). Clémence Royer.

Bibliographie.

La liste des autres ouvrages de Pierre Leroux ne comprend que des écrits assez courts, tous postérieurs à la publication de la Doctrine humanitaire, Ce sont, par ordre de dates :

La Revue sociale, ou Solution pacifique du problème du prolétariat (revue mensuelle, 1845-47, 3 vol. in-fol). — D’une religion nationale ou du culte, br. in— 18, Boussac, Irapr. P. Leroux, 1844.— Discours sur la situation actuelle de la société et de l’esprit humain, 2 vol. in-16, Paris, Gustave Sandre ; comprend deux discours : Auxphilosophes, 1 847 et Aux politiques, publiés antérieurement dans la Revue Encyclopédique. — Le Carrosse de M. Aguado, ou Si ce sont les riches gui payent les pauvres, in-8*. Paris, Sandre. — Discours du citoyen Pierre Leroux, représentant du peuple, sur la fixation des heures de travail, Br. în-4, Sandre. Paris, 1848, extrait du Moniteur du 31 août 1848. — Projet d’une constitution démocratique et sociale,., donnant le moyen infaillible d’organiser le travail national sans blesser la libellé, br. in-18. Paris, Sandre, 1848. — De la ploutocratie, ou du gouvernement des riches-, 1 vol. in-16. Boussac, P. Leroux. Paris, Sandre, 1848, extrait de la Revue Indépendante, 1843. — De VÉgaKtê, i re édition. Paris, 1838, nouvelle édition 1 vol. ïn-8°. Boussac, P. Leroux. Paris, Sandre, 1848. C’est l’article Égalité extrait de YEncyclopédie nouvelle. — Du christianisme et de son origine démocratique, l vol. în-16, Boussac, P. Leroux. Paris, Sandre.

— Ce sont les articles Christianisme et Conciles, 1848, de l’Encyclopédie nouvelle. — Ces trois derniers ouvrages portent sur la couverture comme titre principal : Doctrine de Vhumanité, Malthuset les économistes, ou Yaura-t-il toujours despauvres ? 1 vol, in-16, Boussac, P. Leroux. Paris, Sandre, 1849. — Réimpression d’articles de la Revue sociale de 1846.

— La Grève de Samarez, poème philosophique inachevé. Paris » 1865. — Une traduction du Werther de Goethe. LE TROSNE (Guillaume-François) ou Le Trône, — car les deux orthographes ont été employées de son temps — est né le 13 octobre 1728 à Orléans, où son père était juge du bailliage. Lui-même fut pendant vingt ans avocat du roi au présidial de cette ville. Il était l’élève de Pothier et l’ami de cet éminent jurisconsulte qui le chargeait assez souvent de revoir ses manuscrits pour y corriger des négligences ou des longueurs. Le Trosne a retracé la figure originale de son premier maître dans un Éloge historique paru en 1773. Il a publié aussi quelques écrits sur des questions de droit naturel, de droit des gens et de droit féodal ; mais l’économie politique l’attira beaucoup plus que ledroit, dès qu’il fut entré en relations avec Quesnay. Comme tant d’autres, il subit l’ascendant de cet homme remarquable qui, sous une rudesse apparente, cachait de grandes qualités de cœur et savait inspirer des sentiments de vénération aux jeunes gens auxquels il donnait des conseils. Le Trosne fut l’un de ses disciples les plus fidèles ; il inséra une première profession de foi économique dans des notes ajoutées à un Discours sur l’état actuel delà magistrature (1764), qu’il fit suivre d’un Mémoire sur les vagabonds et mendiants ; puis il publia une série d’opuscules et d’articles, excellents pour la plupart, sur la liberté du commerce des grains. Le gouvernement venait de se décider à autoriser l’importation et l’exportation des céréales, sous l’impulsion des physiocrates qui avaient rédigé Fédit destiné à consacrer la mesure ; mais, au dernier moment, le contrôleur général L’Averdy avait introduit dans Fédit même une restriction qui en avait atténué un peu la portée : les transports devaient . avoir lieu exclusivement sous pavillon français. Le Trosne combattit habilement cette restriction protectionniste, en montrant que la France avait tout avantage à laisser aux étrangers la liberté de transporter nos excédents de céréales en Angleterre, lorsqu’ils voulaient bien le faire à meilleur marché que nos nationaux. Un peu plus tard, il rendit ses arguments plus saisissants en attribuant aux rouliers d’Orléans une pétition pour demander le monopole du transport des vins de FOrléanais.

Les principaux articles de Le Trosne datent de 1764 et 1765. Ils ont été réunis en un volume publié en 1768 sous le titre de : Recueil de plusieurs morceaux économiques ; ils avaient été insérés dans la Gazette du commerce ou dans le Journal de l’agriculture, avant même que cette feuille eût passé aux physiocrates. L’un de ceux qui eurent le plus de succès fut composé sur Fordre du contrôleur général ; il est intitulé : la Liberté du commerce des grains toujoursutîle et jamais nuisible (17’65) ; c’est un court et remarquable résumé de la question des grains.

Le Trosne aida ensuite Quesnay et ses amis à combattre l’école réglementaire dans le Journal de V agriculture, puis dans les Éphé-