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On pourra, en attendant, commencer par une réduction partielle de la quantité de papier en circulation, et cette mesure préparatoire pourra produire d’heureux effets, étant donnée la mesure définitive. En outre, la Banque aurait intérêt à émettre des billets d’une valeur inférieure à 5 livres sterling, pendant quelque temps, à dater du moment où elle aura repris les payements en espèces. Il serait utile aussi, pour les banques autorisées d’Irlande et d’Écosse et pour toutes les banques provinciales, de n’être pas obligées de payer en espèces pendant un certain temps depuis la reprise des payements en espèces par la Banque d’Angleterre, mais de continuer, pendant une courte période, conformément à la pratique actuelle, à payer leurs propres billets avec les billets de la Banque d’Angleterre.

L’enquête de 1832 sur la Banque d’Angleterre et sur l’ensemble du système sur lequel étaient établies les banques d’émission en Angleterre et dans le pays de Galles, n’a pas été moins remarquable ; elle a était faite par un comité que présidait lord Althorp, et dans lequel figuraient sir Robert Peel, lord John Russell, sir Henry Parnell, MM. Baring, Poulett Thomson, ainsi que d’autres hommes compétents. M. Jones Lloyd (plus tard lord Overston), appelé devant le comité, y a fait des réponses pleines de sens, et l’on a surtout remarqué son insistance sur la nécessité d’une publicité fréquente et régulière des opérations d’une banque de circulation, comme moyen essentiel de crédit, et ses réclamations contre les lois sur l’usure et la limitation du taux de l’intérêt.

D’autres comités ont encore été chargés d’informer sur ce sujet compliqué en 1836, 1838 et 1840.

Une enquête eut lieu en 1841 pour rechercher les causes d’une crise très intense qui dès 1835 avait paralysé les entreprises industrielles ainsi que les spéculations commerciales, et privé de travail un grand nombre d’ouvriers à Paisley, à Birmingham et dans d’autres localités manufacturières. L’enquête établit que cette crise était imputable en grande partie à des émissions de papier-monnaie non garanties par une réserve métallique proportionnée, qui avaient été faites par les banques à fonds réunis autorisées depuis 1826. De 6 qu’elles étaient à la fin de l’année de l’autorisation, ces banques, en 1826, étaient arrivées au nombre de 280 et la valeur nominale des billets qu’elles avaient mis en circulation dépassait 4 millions de livres sterling. D’autre part, l’enquête fit constater que le marché était encombré d’effets de commerce, de chèques et d’autres succédanés du numéraire.

L’enquête de 1841 ne se borna pas du reste à reconnaître nettement les causes de la longue crise qui avait commencé en 1835 ; elle aboutit à des moyens d’empêcher le retour de crises de ce genre. Ce fut, en effet, grâce aux indications recueillies au cours de cette enquête que sir Robert Peel put entreprendre et mener à bien la réforme des banques d’émission : que, de 1844 à 1845, il présenta au parlement et fit passer les lois qui portent son nom : l’une d’elles réglant l’administration et les opérations de la Banque d’Angleterre ainsi que celles des banques provinciales, l’autre relative aux banques d’Écosse et d’Irlande. On sait que le principal objet de ces lois a été de subordonner les émissions à la réserve métallique, de diviser la Banque d’Angleterre en deux sections bien distinctes, une banque d’émission et une banque commerciale ; d’obliger les banquiers à publier un bulletin hebdomadaire de l’état de leur réserve, de leurs émissions et de leurs comptes courants, et enfin de donner au gouvernement le droit d’intervenir, dans les cas de crise et de panique, pour autoriser les administrations de la Banque d’Angleterre à dépasser les limites d’émission fixées par la loi : notification qui tranquillise les esprits, donne au public confiance dans le remboursement des billets et permet à la Banque d’abaisser le taux de son escompte sans avoir à se servir des pouvoirs octroyés par la lettre du gouvernement. Cette loi de 1844 est due à l’enquête de 1841.

Une enquête eut lieu en 1848 sur la crise de 1847 et aboutit précisément à l’application du moyen que Robert Peel avait fait passer dans la loi : l’envoi d’une lettre du gouvernement à la Banque d’Angleterre pour l’autoriser à augmenter ses émissions. Cette enquête est particulièrement intéressante en. ce que la crise à laquelle elle s’applique avait été provoquée par un ensemble de circonstances dans lesquelles nous reconnaissons les causes les plus générales, les causes typiques, pour ainsi dire, de la production des crises économiques. Ces circonstances ont été indiquées par M. Morris, gouverneur de la Banque d’Angleterre, s’expliquant à ce sujet devant le comité d’enquête de la Chambre des lords, dans la séance du 7 février 1848.

M. Morris signale l’exportation de 7,500,000 livres sterling provenant d’autres sources, le tout destiné à payer une importation de denrées alimentaires sans précédent ; le retrait d’une somme égale de billets et, d’autre part, l’emploi qui venait d’être fait de