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62 APPROPRIATION

Les lois de la population sont absolument indépendantes du mode ou régime d’appropriation. Si le nombre des êtres humains qui viennent au monde excède les moyens de les entretenir, ils ne peuvent vivre. Il est facile d’affirmer que ce phénomène n’a jamais existé et ne peut exister, mais les plus belles phrases du monde n’y sauraient rien) changer. La population peut être en excès, comme elle peut, dans un moment donné, se trouver insuffisante.

Comment procéderait l’autorité et quels moyens emploierait-elle pour empêcher l’excès de la population ou son insuffisance  ? Les moyens directs répugnent à ce point qu’on n’ose guère les exposer. Cependant, il y en a de nombreux exemples dans l’histoire et on peut en trouver l’indication dans le livre de Malthus. On connaît le choix des enfants à conserver à Sparte. Quant à l’insuffisance, plus rare que l’excès, elle a été combattue au Paraguay, sous l’administration des jésuites.

Avec la liberté, tout est plus simple. La famille veille à ce que la population ne soit pas excessive et, dès que l’excès survient, la misère ne lui permet pas de se développer. L’insuffisance de la population a pour remède l’immigration qui remplit promptement les places devenues vacantes dans l’industrie. A mesure que la population augmente, si l’accroissement de puissance de l’art industriel ne fait pas des progrès proportionnés à cette augmentation, les aliments et les matières fournies par les industries extractives et l’agriculture deviennent plus difficiles à obtenir, tandis que les transports et les produits industriels sont plus facilement obtenus. Sous le régime d’autorité, un ordre d’en haut envoie dans les industries qui deviennent plus difficiles un plus grand nombre d’ouvriers ou, plus exactement, une plus forte somme de travail, tandis qu’il retire une certaine somme de travail des industries devenues plus faciles. C’est un simple déplacement d’atelier, qui s’impose, mais on sait combien l’autorité y répugne, à cause des obstacles qu’elle rencontre.

Avec la liberté, tout se résout par un changement de valeur. Celle des produits fournis par les industries agricole et extractives augmente et celle des produits manufacturés diminue. Mais ce changement de valeur est un ordre auquel personne ne songe à résister ; on obéit et l’emploi du travail se déplace sans délai. Le même déplacement peut avoir lieu en sens contraire, si les progrès de l’art industriel, de l’agriculture, par exemple, le

8. Lois de la population. rendent nécessaire, tandis que l’autorité se 8. lois de la population. prêterait toujours avec répugnance a ce va-

8. Lois de la population.

rendent nécessaire, tandis que l’autorité se prêterait toujours avec répugnance à ce vaet-vient perpétuel.

9. Les fonctions de défense.

Quel que soit le régime d’appropriation .e des richesses, il faut qu’un certain nombre d’hommes soient chargés de défendre la soIls ciété contre les entreprises injustes qui vieni- draient du dehors ou du dedans de l’État. le Les fonctions de ces hommes sont celles de gouvernement. Sous le régime d’autorité, ces fonctions dominent tout. Les gouvernants seuls ont la plénitude de la vie, les gouvernés végètent. Il n’y a ni juges ni tribunaux civils, puisqu’il n’y a pas de droits indiviit duels, ni d’impôts, par la même raison. Les il gouvernants disposent de la totalité des ’e revenus ils commandent l’armée, admile nistrent la justice correctionnelle et crimi- nelle.

Avec la liberté, les fonctions de gouvernement sont moins étendues. Les individus qui t- les exercent sont rémunérés au moyen d’un prélèvement levé par autorité sur les revenus des particuliers et qu’on appelle « contributions publiques» ou «impôt». Mais on a t, des juges civils qui, sous le régime opposé, r. étaient inutiles, par suite de l’absence de la le propriété privée. La plupart de ceux qui remes plissent les fonctions de gouvernement sont désignés par autorité et rémunérés de même. si Quant à la disposition de leurs revenus, ils s- vivent sous le même régime que les autres à particuliers et sont, sous ce rapport, as1- sociés a la collaboration industrielle, comme consommateurs, propriétaires oucapitalistes. à Au point de vue économique, ils se distinguent surtout en ceci, que leur revenus ne )- sont pas déterminés par l’échange, comme ceux des particuliers et sont réglés, comme leurs fonctions, par autorité.

i- Or, si nous considérons l’ensemble des fonctions publiques, nous ne voyons pas que la rémunération, l’avancement, les récompenses et les peines y soient plus propor1- tionnés au mérite et au travail que dans les it fonctions libres de l’industrie. Nous ne

;s voyons pas non plus que les fonctionnaires 

de gouvernement soient supérieurs en intel1- ligence, en vigueur, en esprit de ressource is aux fonctionnaires de l’industrie, ou qu’ils aient montré dans les choses de l’industrie la compétence supérieure qu’un certain nom ;t bre de personnes se plaisent à leur attribuer. Que seraient-ils si, étant devenus tout puistS sants, ils n’étaient exposés à aucun contrôle, u ni même à aucune critique  ?

1- Le plus grand obstacle qu’ait rencontré, le depuis l’origine, la constitution d’un bon


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