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Ces changements se sont encore accentués jusqu’à nos jours ; des révolutions nouvelles ont succédé aux révolutions d’alors, si bien qu’aujourd’hui presque aucune question ne reste posée comme il l’avait posée ni les rapports du capital et du travail, ni les rapports de l’Individu et de l’État, ni même ceux des producteurs et des consommateurs.

Malgré de si profondes modifications dans les faits, l’œuvre de Guillaumin et de Coquelin n’avait pas été modifiée. On ne pouvait plus, au bout de trente années, se contenter de la remanier il fallait la refaire de toutes pièces. C’est de cette nécessité qu’est sorti le Nouveau Dictionnaire d’économie politique.


II


Un dictionnaire expose le lecteur à deux chances principales d’erreur.

Chaque article forme un tout. C’est, en soi, sur un sujet donné, un petit traité distinct et complet. Or, dans la vie et dans la science, il n’y a pas de sujet distinct et complet. Isoler un sujet, ce n’est qu’un artifice d’étude. Les phénomènes s’enchaînent à d’autres phénomènes qui en altèrent la physionomie et la signification. Les questions se soudent à d’autres questions qui en modifient la position et en corrigent la portée. La forme même de dictionnaire, qui impose des articles séparés, est donc une première cause d’erreur.

En voici une seconde. Un dictionnaire est rarement l’œuvre d’un seul. Ordinairement, il est, il semble même préférable qu’il soit le résultat de la collaboration de plusieurs. Mais si bien d’accord que soient les collaborateurs sur le fond même de la science, ils ne peuvent pas ne pas se diviser sur quelques points. De là, des divergences et des contradictions qui menacent d’égarer le lecteur.

Voici ce que nous avons imaginé pour parer à ce double inconvénient.

Les articles du Nouveau Dictionnaire d’économie politique ont été reliés les uns aux autres au moyen de renvois placés aux endroits convenables. Et ces renvois peuvent avoir une double signification. Ou bien ils avertissent le lecteur que telle conclusion n’est pas absolue, que telle doctrine n’est pas définitive et qu’en telle place il trouvera des objections ou des arguments qui peuvent influencer son opinion ; ou bien ils lui signalent l’existence d’autres articles qui complètent un exposé ou apportent des faits nouveaux à l’appui d’une théorie. Par ce procédé, nous avons sans cesse rappelé le lecteur à l’idée de relativité.

Quant aux contradictions, voici comment nous nous sommes efforcés de les éviter. D’abord, nous n’avons fait appel qu’à un nombre restreint de collaborateurs unis dans une doctrine commune. Si l’on met à part les rédacteurs de certains articles spéciaux, on verra à quoi se réduit la liste de ceux qui ont exposé les phénomènes fondamentaux, base de la théorie, ou la doctrine même de l’économie politique. C’était là une première garantie, nous en avons ajouté une seconde.

Autant que nous l’avons pu, nous avons chargé une même personne de rédiger tous les articles qui dépendent d’un même sujet. Quand l’ampleur de la tâche