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cipaux fondateurs du carbonarisme en r rance et plus tard, avec M. Enfantin, chef de l’école saint-simonienne. Bazard remplissait d’abord un emploi assez modeste à la préfecture de la Seine mais sa participation aux sociétés secrètes l’obligea de le quitter. Plus tard, il prit part à la rédaction du Producteur (du ler octobre i825 à décembre 1826, 5 vol.,), de l’Organisateur (août 1828 à 1830) et du Globe

(1831, etc.). Le second volume de l’Exposition de la doctrine saint-simonienne est également de lui. A l’occasion de la scission qui s’établit au sein de la secte, Bazard, qui avait jusqu’alors été le principal auxiliaire d’Enfantin, complétant par une méthode scrupuleuse sa puissante inspiration, se décida à publier contre lui le manifeste suivant Discussions morales, politiques et religieuses. 1re partie, 20 janvier 1832, in-8 de 30 pages. On doit encore à Bazard une traduction estimée de la Défense de l’usure, de Bentham. Cette traduction, à laquelle il avait ajouté une introduction, a été reproduite dans le tome XV de la Collection des principaux économistes, de Guillaumin.

BEAUMONT (Jean-Louis MOREAU DE), né à Paris le 28 octobre 1715, mort au Mesnil le 22 mai 1785, reçu avocat dès l’âge de dix-neuf ans, plaida plusieurs causes avec éclat ; conseiller au parlement en 1736, maître des requêtes en 1740, puis président du grand conseil en 1746, intendant de Poitiers en 1747, de Franche-Comté en 1750, de Flandre en 1754, il fut enfin nommé intendant des finances en 1756. En 1760, il fut commissaire du roi à la compagnie des Indes ; en 1765, il fut chargé de terminer la liquidation des dettes de Lorraine. Ce fut vers cette époque que Moreau de Beaumont écrivit les Mémoires concernant la nature, la régieet la perception des impositions et droits, qui ont lieu dans les différents États de l’Europe. Il s’agissait alors de réformer en France le système d’impôts. Le roi avait nommé une commission pour assister à la lecture des Mémoires qui devaient être présentés sur la question par les cours sou-.veraines et par un certain nombre de financiers. Moreau de Beaumont composa ses mémoires pour les porter devant cette commission. Celle-ci ne fut jamais formée, mais le roi ordonna que l’œuvre de Beaumont fût imprimée au Louvre et admit l’auteur au conseil royal.

Les Mémoires concernant les impositions et droits en Europe furent donc imprimés par l’imprimerie royale (Paris 1768, 4 volumes in-4). Une nouvelle édition a été publiée, de 1787 à 1789, par les soins de Me Poullin de Viéville, avocat au parlement de Paris. Cette édition comprend 5 volumes in-4. Le premier de ces volumes est composé, chose remarquable pour l’époque, des résultats d’une enquête faite sur le système d’impôts de 32 États étrangers par les soins des ambassadeurs et ministres du roi. Les trois volumes suivants comprennent une analyse très complète, mais assez diffuse, des différents impôts perçus en France. Le cinquième volume, publié en 1789, comprend les suppléments de l’éditeur qui remettent l’ouvrage au courant de la législation.

L’ouvrage de Moreau de Beaumont est donc une œuvre considérable, mais elle manque de méthode « Cette publication, a dit M. R. Stourm, devrait, par son étendue et son caractère officiel, occuper le premier rang parmi celles qu’on doit consulter. Mais les recherches y sont peu attrayantes. Les paragraphes s’y succèdent, nombreux et uniformes, noyant les dispositions essentielles au milieu de faits secondaires ». Bibliographie des finances au XVIIIe siècle, Annales de l’école des sciences politiques, i886). BEAUX-ARTS.-Ilfaut réellement un peu d’abnégation pour accepter la tâche de rechercher, en quelques pages, ce que sont les Beaux-Arts au point de vue de l’économie politique. C’est s’enquérir des limites de ce qui n’en a pas ; c’est tenter d’isoler des opérations de l’esprit humain et de la nature, qui se confondent et se pénètrent. Un tel travail est la conséquence du malheureux esprit de spécialité qui nous étreint et nous abaisse, au fur et à mesure que le bagage des connaissances humaines devient plus lourd à

porter. Plus nous nous instruisons, plus nous nous éloignons des divines perceptions de l’unité du monde. Il nous faut ranger nos connaissances en une foule de sciences, nous y parquer et, y étant absorbés, détourner nos regards du sublime ensemble. L’Économie politique observe la nature, mais elle étudie également l’homme ; elle doit être exacte et positive, mais point assez pour ne pas être obligée de compter avec la morale et avec l’homme tout entier. Ce double objet étant accepté, où peut-on placer ses bornes ? La science de l’origine, de la formation, de la distribution et de la circulation des richesses ne confine-t-elle pas étroitement à la science morale de l’emploi des richesses, puisque selon ce que sera cet emploi, ces richesses peuvent être bienfaisantes ou malfaisantes, s’accroître ou disparaître ? Ainsi, dans les beaux-arts, qui exploitent sous des formes matérielles le monde des sentiments, il est aussi subtil que malaisé de trouver le point exact où ils exercent une action certaine sur