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CHAP. XXII. — DU REVENU DES CAPITALISTES.

cède, le fermier, obligé de payer l’excédent ou sur le profit de son industrie, ou sur l’intérêt de son capital, n’est plus indemnisé complètement pour l’emploi de ces moyens de production. Autrefois[1] on regardait l’intérêt comme une exaction exercée par le riche sur le pauvre ; les gens d’église le proscrivaient comme contraire à la charité chrétienne ; on ne comprenait pas qu’en accompagnant l’usure de honte et de dangers, on l’accroit sans venir au secours du pauvre, et que l’on supprime le principal motif de l’épargne, qui est de se créer un revenu. On ne comprenait pas que le seul moyen de tirer l’indigent de la misère, de l’oisiveté et du vice, est de faciliter l’alliance des capitaux et du travail, et que l’on rend plus de services en procurant au pauvre les moyens de gagner lui-même sa subsistance qu’en lui faisant l’aumône.

Les jurisconsultes, trop souvent plus empressés à justifier les vues de l’autorité qu’à les ramener vers des principes conformes à l’équité et au bien public, avaient trouvé en faveur des préjugés existants ce beau principe que l’argent n’enfante pas l’argent, nummus nummum non parit ; plus versés dans l’économie politique, ils auraient su que, si l’argent n’enfante pas l’argent, la valeur enfante la valeur, et

  1. Et aujourd’hui encore. J. G.