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CHAP. XV. — DES PROHIBITIONS.

alors un privilège sur notre agriculture et nos fabriques qui, de leur côté, supportent leur part des impôts. L’équité veut que toutes les industries et tous les consommateurs supportent leur part des charges communes[1].

Faudrait-il supprimer tous les droits d’entrée qui excéderaient cette proportion ?

Si l’on supprimait brusquement les droits exagérés et les prohibitions, on pourrait ruiner les établissements qui ne se sont élevés qu’à la faveur des privilèges que ces droits et ces prohibitions leur assurent. Le bien même veut être exécuté avec prudence[2].

  1. Mais l’égalité existe en fait ; car la production des marchandises importées a dû acquitter les charges des pays de provenance et ensuite les frais de transport. Ces charges se compensent. Il serait d’ailleurs impossible d’en faire une péréquation exacte. J. G.
  2. Ceci répond aux déclamations dont les écrits de M. J.-B. Say ont été l’objet, depuis quelque temps, de la part de quelques sectes obscures. On a prétendu que toutes les théories de ce savant économiste pouvaient se résumer en quatre mots : Laissez faire, laissez passer. Une telle assertion ne pouvait faire fortune qu’auprès de ceux qui n’ont pas lu ses ouvrages et qui ne jugent que sur la parole d’autrui. Ch. C.

    Les économistes du xviiie siècle disaient aux corporations : Laissez faire, c’est-à-dire : Laissez travailler ; ils disaient aux douanes provinciales : Laissez passer, c’est-à-dire : Laissez échanger. Ils proclamaient ainsi la grande liberté du travail impliquant celle des échanges, sans demander naturellement qu’on laisse tout faire