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Dans ma dernière lettre, je t’indiquais un travail littéraire où je pensais que tu pouvais rendre des services et te placer au premier rang, tu ne m’as pas compris, le ne prétendais pas que tu publiasses une Technologie, ou description des arts et métiers, entreprise contre laquelle j’aurais élevé précisément les mêmes objections que toi. Mais comme je crois que tu as beaucoup d’expérience des arts industriels en général, et des vues très-justes sur les qualités qui manquent à nos manufacturiers français pour réussir dans leurs entreprises, je crois que tu te serais rendu utile à l’industrie française en énonçant, avec clarté, tes soins généraux (c’est-à-dire convenables pour toutes les entreprises industrielles), sans lesquelles on n’obtient des succès que par hasard, et dont l’absence entraîne, sous nos yeux, tant de culbutes. Cet écrit, enrichi de beaucoup de faits que tu pouvais mieux que personne recueillir, soit par toi-même, soit par les autres ; cet écrit, où tu n’aurais rien cité de ce qui pouvait compromettre tes intérêts, aurait été recherché de tous ceux qui veulent se jeter dans tes entreprises utiles (et ils sont nombreux), et tu m’aurais fourni des occasions de te citer avec honneur dans l’impression que je vais faire l’année prochaine de mon grand Cours.

Voilà, mon cher ami, des observations qui sont dictées par l’amitié fraternelle ; si tu les apprécies mal, j’en gémirai, et tu ne t’en trouveras pas mieux.