Page:Say - Œuvres diverses.djvu/290

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

cinquante ans plus tard, on commença à s’apercevoir que les phénomènes que présente l’économie des sociétés, dépendent aussi de certaines causes qui produisent toujours les mêmes effets dans des circonstances semblables. Toutefois, ces aperçus demeurèrent vagues et imparfaits, jusqu’au moment où des observations plus sûres relativement à la nature des choses et à leur mode d’action, avertirent les publicistes qu’une nouvelle science existait, qu’elle reposait sur des fondements aussi certains que ceux de nos autres connaissances, c’est-à-dire, sur l’observation des faits, et que les personnes qui demeuraient étrangères aux principes de l’économie politique, se trouvaient réellement en arrière des lumières de leur siècle.

Cependant, les matériaux devenaient tous les jours plus abondants : des occurrences nouvelles donnaient lieu à de nouvelles observations ; les conséquences qu’on en tirait pouvaient être mêlées d’erreurs ; et partout on sentait la nécessité de se réunir pour discuter, pour s’éclairer. Bonaparte avait supprimé, dans l’Institut, la classe des sciences morales et politiques. Il voulait pouvoir commettre sans contrôle les sottises qui l’ont conduit au tombeau. À l’époque de la restauration, quelques tentatives furent faites en France pour y suppléer : elles rencontrèrent des obstacles. Ce qu’on est réduit à souhaiter sur le Continent, en Angleterre s’exécute ; et déjà, depuis plusieurs années, il y avait à Londres une société d’économie politique, lorsqu’un de ses membres les plus zélés et les plus influents, David Ricardo, cessa de vivre.

Cette perte fut profondément sentie. Ricardo avait contribué à étendre nos connaissances économiques par ses écrits ; il en prenait la défense dans le parlement ; son caractère irréprochable, son immense fortune, leur prêtaient un appui constant. Plusieurs amis des lumières et de l’humanité se réunirent pour offrir à sa mémoire un tribut qui fût digne de lui et digne de notre époque. On fonda, par des souscriptions particulières, un cours public destiné à exposer et à répandre les principes de l’économie politique ; et Mac Culloch, Écossais qui s’était fait connaître par de bons articles dans la Revue d’Édimbourg et dans l’Encyclopedia britannica, fut choisi pour remplir cette chaire. C’est le discours préliminaire de son cours qui fait le sujet de cet article.

M. Mac Culloch répond avec éloquence, avec succès, aux attaques dirigées contre les notions dont le développement lui est confie. On a reproché à l’économie politique d’occuper les hommes d’intérêts trop matériels, trop mondains ; mais, comment ne voit-on pas qu’en