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EXAMEN CRITIQUE
DU
DISCOURS DE M. MAC CULLOCH
SUR L’ÉCONOMIE POLITIQUE


La grande importance que les esprits éclairés attachent maintenant à l’économie politique ; la résolution prise par le gouvernement de la nation la plus commerçante du globe de modeler désormais ses lois économiques sur les principes dont cette science démontre la vérité ; les fruits que la Grande-Bretagne recueille déjà d’une marche plus analogue aux progrès des lumières, sont des motifs suffisants pour arrêter quelques instants notre attention sur une brochure qui a vivement intéressé en Angleterre, et qui vient d’être traduite en français par M. Guil. Prévost, fils du savant professeur de Genève.

Les Universités de l’Europe se ressentent encore de leur origine monacale ; elles n’ont point suivi la marche du genre humain. Les Académies, les corps savants n’ont dirigé leurs recherches que sur les sciences physiques et mathématiques ; c’est-à-dire, sur des objets matériels. Les phénomènes que présente la société, étant plus compliqués, ont été étudiés les derniers et naguère n’étaient enseignés nulle part. On croyait que leur existence n’avait d’autre fondement que les volontés arbitraires et versatiles des hommes, et ne dépendait en conséquence d’aucuns principes fixes, susceptibles de démonstration et pouvant devenir les objets d’une étude solide. Ce qu’on appelait philosophie, métaphysique, morale, n’étant point fondé sur l’observation et l’expérience, ne pouvait conduire à rien d’applicable et d’utile. Mais, le dernier siècle ouvrit une ère nouvelle pour les sciences morales et politiques. Locke porta le flambeau de l’analyse dans les opérations de l’entendement ; et