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SUR LA BALANCE DES CONSOMMATIONS
AVEC LES PRODUCTIONS[1].


Juillet 1824.

On a inséré, dans l’avant-dernier cahier de la Revue encyclopédique, un article de M. de Sismondi, relatif à la balance des consommations avec les productions, où l’estimable auteur reproduit les craintes qu’il avait déjà manifestées ailleurs, de voir les progrès des arts multiplier les produits jusqu’à rendre impossible leur complet écoulement ; d’où résulterait la détresse d’une multitude de producteurs, principalement parmi les classes ouvrières.

Cette doctrine contredit celle que David Ricardo et moi nous avons cherché à établir dans nos ouvrages, où il est dit que les produits s’achètent les uns les autres, et que leur multiplication n’a d’autre effet que de multiplier les jouissances de l’homme et la population des états. En général, c’est avec quelque répugnance que je réponds aux critiques ; il me semble que la vérité doit se défendre elle-même ; si elle fait alors son chemin plus lentement, peut-être le fait-elle plus sûrement. Toutefois, le nom de M. de Sismondi est si justement célèbre, ses intentions sont tellement recommandables, que ce serait le traiter avec trop peu d’égards que de laisser sans aucune réponse un article très-susceptible, je crois, d’être combattu, et sur un sujet auquel il attache avec raison beaucoup d’importance. Ricardo n’existe plus. Les philanthropes de tous les pays, qui ne font actuellement qu’une même nation, le regretteront longtemps. Ce sentiment et l’amitié qui en particulier m’unissait à lui m’imposent peut-être le devoir de le défendre contre une attaque qui nous est commune ; mais ce sera sans me faire oublier que l’amitié m’attache aussi à son illustre adversaire, auquel le public doit un grand nombre d’ouvrages, tous

  1. Extrait de la Revue encyclopédique. 67e Cah. T. XXIII.