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TRIBUNAT.


OPINION SUR UN PROJET DE LOI RELATIF À LA TAXE D’ENTRETIEN DES ROUTES[1].

Séance du 5 germinal an 8 (26 mars 1800).
Tribuns,

Lorsqu’on soumet à votre discussion une loi toute neuve, votre tâche se borne à peser ses avantages ou ses inconvénients ; mais lorsqu’on vous présente un projet de loi tendant à améliorer une branche de l’administration publique, vos regards se portent naturellement vers cette branche entière de l’administration, pour l’examiner elle-même, pour comparer ce qu’on propose de changer avec ce que l’on conserve, et ce que l’on conserve avec ce qu’il serait à propos de changer ; cet examen, quel qu’en soit le résultat immédiat, a toujours le bon effet de jeter de précieuses lumières sur toutes les parties de l’administration.

C’est ainsi que des débats qui ont eu lieu dans cette enceinte sur des lois particulières de finances, nous avons vu sortir cette vérité que notre nouveau système politique n’obtiendra toute sa stabilité, qu’au moyen d’un système de finances complet, coordonné dans toutes ses parties, qui procure au gouvernement, dans ses transactions, les avantages qui accompagnent le crédit, et aux créanciers du gouvernement cette sûreté sans laquelle on ne peut se livrer à aucune entreprise favorable à la prospérité de l’État.

  1. J.-B. Say avait été appelé au tribunat en novembre 1799 (frimaire an viii). Il fut attaché à la section des finances ; il s’occupa toujours essentiellement des questions économiques, et commença presque aussitôt à écrire son Traité d’Économie politique.
    (H. S.)