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DISCOURS D’OUVERTURE DU COURS D’ÉCONOMIE POLITIQUE,

Prononcé par l’auteur peu de semaines avant sa mort, pour l’ouverture de l’année scolaire 1832-1833.
Messieurs,

L’homme est éminemment sociable, pour lui, c’est un supplice que de vivre seul ; il ne s’y résout que par la force. La société de sa famille même, quoiqu’elle soit pour lui un notable soulagement, ne lui suffit pas ; et l’étude que nous allons taire de l’étendue de ses facultés et de ses besoins, nous offrira des preuves nombreuses de cette vérité, que son existence à l’état de société, est son existence naturelle.

Nous en avons des exemples dans d’autres espèces animales, comme dans les castors, les abeilles, qui de même ne sauraient parvenir à leur entier développement, si elles ne mettent leurs moyens en commun. Elles agissent en vertu de certaines lois qui leur sont imposées par leurs besoins, par leurs organes, par leur nature, en un mot, dont la connaissance, par cette raison, fait partie des sciences que nous avons nommées sciences naturelles : la connaissance des mœurs des animaux fait partie de l’histoire naturelle.

L’homme éprouve également des besoins qui tiennent à sa nature, et il les satisfait de même au moyen des organes dont il est pourvu ; mais à mesure que les besoins et les organes ont été plus développés et mieux connus, on a été obligé de les classer, d’en suivre le développement et d’en faire non pas l’objet d’une seule science, mais de plusieurs. Ç’a été la marche de toutes nos connaissances. Le nombre et les propriétés des plantes, par exemple, sont devenus si nombreux, qu’on a été obligé de faire une science particulière de cette portion de l’histoire naturelle qu’on appelle la Botanique, et plus récemment vous avez vu notre illustre Cuvier développer, dans cette même chaire, le classement et la description des animaux antédiluviens, et il en a fait une science nouvelle qui a changé toutes nos idées relativement à la géologie et à l’antiquité du globe.