elles vont, et vous verrez quel grand parti l’on peut tirer, dans la pratique de l’industrie, de ces notions, quelquefois si simples, qu’on serait tenté de les juger superflues et déjà suffisamment connues, si l’on ne voyait à chaque instant agir et parler à rebours de ce que nous enseigne le simple bon sens.
Vous avez sans doute, Messieurs, plusieurs fois remarqué qu’il y a dans les arts des procédés qui ne conviennent qu’à un seul art en particulier, et même quelquefois à un seul procédé d’un art qui en emploie successivement plusieurs. C’est ainsi que l’on a perfectionné la filature du coton, lorsqu’on a remplacé par une machine l’action des batteurs de coton à bras. Les préceptes de ce dernier genre font partie de la technologie, de l’enseignement pratique des arts et métiers ; et il y a une technologie pour chaque art en particulier, car les préceptes de l’art du fileur de coton ne peuvent pas servir pour l’art du charpentier. Or la technologie, la connaissance de chaque art en particulier, ne peut s’apprendre que dans les ateliers ; et le premier conseil qu’il faut donner à ceux qui veulent s’y rendre habiles, est de mettre le tablier et d’exercer eux-mêmes. Mais cette condition n’est pas la seule.
Tous les procédés des arts sont fondés sur quelque loi de la nature ; et ces lois, bien connues, sont applicables à plusieurs genres d’industrie. Les notions que l’on peut acquérir sur la chaleur, sur la manière dont elle est produite, dont elle se propage, dont elle se conserve, son ! également utiles au raffineur de sucre et au maître de forge. Si je veux me rendre habile dans un art, il est utile pour moi de connaître les lois naturelles qui peuvent me servir, ou m’être contraires. C’est cette connaissance des lois de la nature qui constitue la science. Or la science que l’on ne peut point apprendre dans les ateliers, est très-susceptible d’être enseignée dans une école. Celle-ci est destinée à répandre la partie des sciences qui est plus particulièrement susceptible d’application aux arts industriels.
Et pour ne vous entretenir ici que de la partie économique, je vous dirai qu’en même temps qu’il y a, dans chaque art, des préceptes d’économie qui ne peuvent servir qu’à celui qui en fait sa profession, comme les notions qui font connaître au menuisier les sortes de bois qu’il est avantageux d’employer plutôt que d’autres à tel ou tel ouvrage ; il y a en même temps des préceptes qui peuvent s’appliquer également à tous les arts, à toutes les formes sous lesquelles se mon-