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LE PEDANT IOUE,

de la bile offuſquent quelquefois la clarté des plus beaux Génies. En effet i’allois tout maſſacrer : Ie iure donc auiourd’huy par cette main, cette main diſpenſatrice des Couronnes & des Houletes, de ne plus doreſnavant recevoir perſonne au combat, qu’il n’ait leu devant moy ſur le pré ſes Lettres de Nobleſſe ; & pour une plus grande prevoyance ie m’en vais faire promptement avertir Meſſieurs les Mareſchaux qu’ils m’envoyent des Gardes pour m’empeſcher de me batre ; car ie ſens ma colère qui croiſt, mon cœur qui s’enfle, & les doigts qui me démangent de faire un homicide. Viſte, viſte, des Gardes, car ie ne réponds plus de moy : Et vous autres Meſſieurs qui m’écoutez, allez m’en quérir toute à l’heure, ou par moy tantoſt vous n’aurez point d’autre lumière à vous en retourner, que celle des éclairs de mon ſabre, quand il vous tombera ſur la teſte ; Gareau revenant le frape encore, & le Capitan s’en-va. Et la raifon eſt, que ie vay, ſi ie n’ay un garde, ſouffler d’icy le Soleil dans les Cieux comme une chandelle. Ie te maſſacrerois, mais tu as du cœur, & i’ay beſoin de ſoldats.