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agrippine


Agrippine

Qui m’empeſche, Tyran, ſi c’eſtoit mon deſſein,
De plonger tout à l’heure un poignard dans ton ſein ?

Elle tire un poignard qu’elle iette aux pieds de l’Empereur.

Mais vis en ſeureté, la Veufve d’un Alcide
Rougiroit de combatre un Monſtre ſi timide.

Tibere

En découvrant ainſi ta noire intention,
Et travaillant toy-meſme à ta conviction,
Tu t’eſpargnes la gehenne.

Agrippine

Tu t’eſpargnes la gehenne. Ah ! ſi ie ſuis blaſmable,
Mon Orgueil, non pas moy, de mon crime eſt coupable,
Et mon cœur échauffé de ce ſang glorieux,
Qui ſe ſouvient encor d’eſtre ſorty des Dieux ;
Au nom de parricide, ardent & plein de flame,
Taſche par ſon tranſport d’en repouſſer le blaſme,
Et ſans voir que mon Prince eſt mon accuſateur,
Il revolte ma voix contre mon Empereur.

Tibere

Ah ! ſi mon ſang t’émeut il merite ta grace,
L’Orgueil n’eſt pas un crime aux Enfans de ma race :
Mais comme d’un ſoupçon la noirceur s’effaçant,