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EPISTRE.

ble avoir dit par la bouche de ſes Prophetes,[1] que le ſage auroit droit de commander aux Aſtres. Agrippine, MONSEIGNEUR, qui pendant le cours de ſa vie les a ſans relaſche experimenté contraires, effarouchée encore aujourd’huy de la cruauté des Empereurs qui ont pourſuivy ſon ombre iuſques chez les morts : Entre les bras de qui ſe pouvoit-elle ietter avec plus de confiance, qu’entre ceux d’un redoutable Capitaine, dont le ſeul bruit des armes, a garanty & raſſeuré Veniſe, cette puiſſante Republique, où la liberté Romaine s’eſt conſervée iusqu’en nos iours : Recevez-là donc, s’il vous plaiſt, MONSEIGNEUR, favorablement, accordez un azile à cette Princeſſe, qu’elle n’a pû trouver dans un Empire qui luy appartenoit. Ie ſçay que faiſant profeſſion d’une inviolable fidelité pour noſtre Monarque, vous la blaſmerez peut-eſtre d’avoir conſpiré contre ſon Souverain, quoy qu’elle n’ait pourſuivy la mort de Tibere, que pour vanger celle de Germanicus, & n’ait eſté infidelle ſujette, que pour eſtre fidelle à ſon Eſpoux : mais en faveur de ſa vertu, elle eſpere cette grace de voſtre bonté, dont elle ne ſera pas ingrate, car elle m’a promis que ſa reconnoiſſance publiera par tout les merveilleux éloges de voſtre

  1. Vir ſapiens dominabitur Aſtris.