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tragedie.

Le temple s’eſt fermé du coſté d’Orient,
Il n’a tonné qu’à droitte, & durant cet extaſe
I’ay veû nos Dieux foyers renverſez de leur baze.

Seianus

Quoy ! ces preſages vains eſtonnent ton courrous ?
Ils ſont contre Tibere, & non pas contre nous.
Si les Dieux aux mortels découvroient leurs myſteres,
On en liroit au Ciel les brillans caracteres :
Mais quoy qu’il en puiſſe eſtre, il ſera glorieux
D’avoir fait quelque choſe en dépit de nos Dieux :
Car ſi noſtre fureur ſuccombe à la fortune,
Au moins dans les tranſports d’une rage commune
Nous pourſuivrons Tibere avec tant de courrous
Que l’on verra ſuër le deſtin contre nous.

Livilla

Le deſtin grave tout ſur des tables de cuivre,
On ne deſchire pas les feuillets d’un tel Livre.

Seianus

Achevons donc le crime, où ce Dieu nous aſtraint,
C’eſt luy qui le commet, puis qu’il nous y contraint.

Livilla

Mon eſprit eſt remis, & ton noble courage,